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Relations frères-soeurs, du conflit à la rencontre

Bonjour à tout.e.s,

Vous le savez sûrement, j’adore lire des ouvrages qui parlent périnatalité pour découvrir les mystères de la grossesse, ou comprendre comment grandissent les bébés… En tant que doula, je vous propose dans cette rubrique mes retours sur ces lectures.

Aujourd’hui, c’est le tour du livre Relation Frère-soeur, du conflit à la rencontre de Catherine Dumonteil-Kremer ! Ce livre, je l’ai lu quelques semaines avant mon deuxième accouchement. J’avais à l’époque publié quelques stories sur Instagram, mais je profite aujourd’hui pour compléter ce contenu avec mon ressenti à plus long terme. En tout cas, je trouve que ce livre m’a grandement aidé à vivre plus sereinement le passage de notre famille de 3 à 4. Merci ! J’espère que ces quelques réflexions vous aideront à trouver vos propres marques de parents, loin des « il faut faire comme ci », ou « ça va partir en cacahuète sans faire cela »…

Yanick, doula

La place de l’aîné dans la fratrie

Je me suis très vite compte que ce petit livre allait remuer beaucoup de choses en moi. Il commence par présenter la place de l’aîné avant même l’arrivée d’un nouvel enfant.  L’aîné peut être écrasé par les parents et leurs principes éducatifs, leur envie de bien faire. Ils naviguent entre les diverses sources d’information et injonctions sociétales. Ces injonctions peuvent rendre la relation parent-aîné sévère ou violente. Et par répercussion, l’aîné reproduit ce modèle jusqu’à parfois être violent sur le cadet.

Une tempête inéluctable ?

On entend souvent parler de violence et de conflits à l’arrivée d’un nouveau bébé dans la famille. Il en existe plusieurs formes : entre enfants et nouveau-né ou entre enfant et parents. Chacun doit trouver ses marques avec l’arrivée de ce nouveau-né. D’ailleurs, c’est une excellente occasion de faire appel à une doula ! Celle-ci ouvrira un espace de communication pour que chaque membre de la famille puisse déposer ce qui lui tient à coeur.

Selon Catherine Dumonteil-Kremer, on peut prévenir les réactions violentes de son ainé dès l’arrivée de son premier enfant. Cela m’a tout d’abord étonnée, et puis avec le recul, j’ai finalement trouvé cela logique.

En s’occupant de son premier enfant avec douceur, en prenant le temps dans les moments (souvent) répétitifs du quotidien (vous savez, ceux qu’on a tendance à vouloir faire vite, pris dans nos contraintes d’adultes…), notre enfant grandit avec un modèle de douceur, qu’il va reproduire naturellement.Un peu de la même manière qu’il apprend à parler en commençant par répéter en fait.

Lui donner de l’amour lui enseignera à en donner à son petit frère ou sa petite soeur.

A titre personnel, à la lecture de ce livre, je me suis rendue compte que nous parlions et expliquions beaucoup de choses à notre puce pour lui dire ce qu’on va faire et pourquoi. On se réjouit également quand elle veut faire certaines choses seule. On l’y encourage. (Ce n’est pas toujours facile quand il y a des verres en jeu… mais ça va venir !) Ces marques de confiance envers elle et son autonomie grandissante la rendent fière et nous aussi.

Bon, on va relativiser malgré tout. Entre ce que l’on a envie de faire et l’énergie du moment, il est sûr qu’il nous arrive aussi parfois d’être speed, plus contraints. La prise de conscience qu’on est moins doux, c’est déjà une belle première étape. Il est parfois difficile de rester bienveillants envers nous. L’important est que chacun fait avec ses moyens du moments et ses convictions.

A posteriori, on a effectivement eu la chance d’observer beaucoup de douceur et d’affection entre nos deux enfants. Je n’osais trop l’espérer, et la magie a opéré. En donnant du temps et de l’amour à notre aînée, elle fait pareil, et prend soin de son frère. Elle est attentive à ses besoins, comme on essaie d’être attentive aux siens !

Quel est l’écart d’âge idéal ?

Comment savoir ? Il est en effet difficile d’accorder autant d’attention qu’on le souhaiterait à 2 enfants rapprochés et donc en même temps en bas âge. Et en même temps, il peut aussi être rebutant de se replonger dans les couches une fois que notre aîné a gagné en autonomie ! Chacun fait à sa manière… et puis parfois, on ne choisit pas !

Il me tient également à coeur, en tant que doula, de rappeler qu’aujourd’hui, l’attention accordée à nos enfants repose quasi-totalement sur ses parents. Notre société a quasiment imposé de par son fonctionnement une famille nucléaire, pour laquelle, les grands-parents loin, les proches et amis peu disponibles à cause de leurs propres activités ou famille… Cela peut rendre bien compliqué de vivre avec plusieurs enfants en bas âge.

Avoir plusieurs enfants en bas âge est très exigeant pour les parents et peut en plonger certains dans l’épuisement à cause au choix : d’injonctions de la société, d’envie de bien faire, de reprise du travail (bonjour la double vie à 300 à l’heure…

Catherine Dumonteil-Kremer nous invite à remettre au coeur de la parentalité l’importance de construire son village ? Historiquement, c’était d’ailleurs ainsi que fonctionnaient nos sociétés (j’en parle dans l’article sur le passionnant Pourquoi les bébés dorment-ils dans des lits à barreaux ?)

Alors, si la société pouvait nous laisser la possibilité de ralentir pour prendre le temps avec nos enfants ? C’est un temps dont ils ont tellement besoin. Cela progresse doucement, avec l’allongement du congé paternité à un mois (depuis juillet 2021). Cependant, les mamans qui souhaitent par exemple allaiter leur enfant ses six premiers mois (en accord avec les recommandations de l’OMS 😉) se retrouvent à devoir choisir entre prendre un congé parental peu rémunéré ou reprendre le travail et assumer en plus de leur emploi la gestion d’un stock de lait maternel, ce qui est loin d’être évident…

Un petit qui grandirait vite d’un coup ?

A l’arrivée du cadet, la perception qu’on a de l’aîné en tant que parent, peut être chamboulée ! C’est qu’il semble d’un coup tellement grand à côté d’un si petit nourrisson.

Alors qu’il n’a pas grandi d’un seul coup et est devenu autonome simplement durant le temps de l’accouchement (ça pourrait être cool mais non !) Peut-être avez-vous eu cette sensation étrange que votre aîné avait grandi d’un coup à l’arrivée du deuxième ? Si vous avez envie de partager une anecdote de votre vécu, les commentaires sont grand ouverts ! J’ai par exemple parfois dû me raisonner pour me rappeler que non, mon aînée n’avait pas forcément envie (et était donc capable) de s’habiller seule chaque jour depuis la naissance de mon deuxième…

Une période de régressions ?

A l’arrivée du deuxième enfant, on entend souvent parler des régressions du premier enfant. « Mon enfant qui était continent, n’arrive plus à se retenir… je dois lui remettre des couches » ou bien « Il mangeait si bien et proprement, et là, je me retrouve à devoir le nourrir de purée comme son frère »

A ce sujet-là, Catherine Dumonteil-Kremer a un point de vue que j’ai une nouvelle fois trouvé surprenant d’abord mais très intéressant. L’aîné se souvient de son vécu de bébé. Il prend plaisir à revivre certaines choses comme avant en voyant la manière dont on s’occupe du petit dernier. Cela est naturel.

Ce serait un peu comme si je voyais ma petite soeur partir en vacances à la plage et que j’avais envie moi-aussi de telles vacances, mais qu’on m’expliquait que non, je serais trop vieille pour aller à la plage maintenant…

Avez-vous vécu ces « envies de se souvenir » ? Comment vous y avez répondu ?

Traiter ses enfants de manière égale ?

Eh bien figurez-vous qu’avant la lecture de ce livre, j’aurais répondu bien évidemment ! Besoin de justice… bonjour ! Il me semblait en tout cas normal et important de leur apprendre ce qu’est la justice.
Mais comme beaucoup de sujets, j’étais loin d’imaginer ce que ça impliquait

Je me rappelle très bien de mes parents qui voulaient nous offrir à la base à mes soeurs et moi les mêmes chances de réussir, les mêmes cadeaux pour certaines occasions (dont la grande étape du téléphone portable à l’entrée au lycée… c’était à l’époque ! 😂)

Aujourd’hui, je m’aperçois que réfléchir ainsi peut facilement nous enfermer dans une non écoute des besoins ou envies spécifiques de chacun de nos enfants, ou même du contexte dans lequel ils vivent.

Une alternative à ce « traitement d’égalité » serait de donner à chacun ce dont ils ont besoin plutôt que la même chose qu’on a donnée aux autres. L’écoute est alors la base d’une relation apaisée. Cette même écoute qu’une doula peut vous apporter lorsque des situations du quotidien vous mettent en tension.

Si l’un de mes enfants a besoin de beaucoup jouer avec moi et l’autre préfère que je lui conte beaucoup d’histoires, ils n’apprécieraient pas forcément que je ne fasse qu’un jeu et raconte une seule histoire à chacun par souci d’égalité ?

Pour conclure…

J’espère que ces quelques réflexions extraites de ma lecture du livre Relation frère-soeur vous ouvrira des possibles et sera bénéfique aux relations au sein de votre famille.

Je serai ravie de vous parler d’autres livres qui vous intéressent, alors n’hésitez pas à me faire savoir si vous avez envie que je parle de certains autres ouvrages en particulier !

Dormir sans larmes

Dormir sans larmes

Dans cette rubrique, je vous présente les lectures que je fais pour approfondir certains sujets. Ces thèmes me tiennent à coeur et je ressens un besoin de m’informer plus spécifiquement.

Dans cet article, je vous parle de ma lecture du livre de Rosa Jové : Dormir sans larmes.

J’ai beaucoup apprécié découvrir ce livre qui m’a permis de me rassurer et de relativiser les attentes que la société cherche à plaquer sur le sommeil des bébés… Ici, la fameuse question qu’on m’a beaucoup posée était « alors, il fait ses nuits ton bébé ? » Et régulièrement, avant de lire ce livre, je me demandais si mon bébé était en retard ou si en tant que mère j’avais raté quelque chose.

Yanick, doula

Dans cet article je résumerai brièvement les différentes étapes du développement de bébé concernant son sommeil. Dans un second temps, je présenterai quelques éléments qui peuvent indiquer des troubles du sommeil. Ces éléments peuvent vous idniquer qu’il faudrait consulter un professionnel.

Le sommeil de bébé

A tout âge, le sommeil de bébé s’adapte à ses besoins. Et les besoins de bébé évoluent au fil de sa croissance, alors son sommeil aussi !

La morale de ce livre : Tous les bébés finissent par faire leurs nuits, même si selon les enfants, ça prend plus ou moins longtemps. Il s’agit d’une acquisition que chaque enfant fera à son rythme (comme la marche !)

Comment dort bébé entre 0 et 3 mois ?

À cet âge, bébé se réveille souvent et pleure pour qu’on réponde à ses besoins (alimentation, affection, sécurité…). Il compte sur un adulte étant donné qu’il ne peut encore pas répondre lui-même à ses besoins. Son petit estomac lui impose de manger fréquemment donc il se réveille souvent pour manger.

Il est intéressant de noter que les pleurs de bébés sont un des moyens qu’a trouvé l’espèce humaine pour assurer sa survie au fil de l’Histoire. Peut-être qu’aujourd’hui, on trouve ça embêtant, mais statistiquement parlant, les bébés qui ont le plus survécu de par l’histoire sont ceux qui pleuraient le plus… et qu’on n’oubliait pas d’emmener avec soi pour les protéger d’un prédateur. Pour le plus grand bonheur de leurs parents ! (Si les pratiques de parentage au cours de l’Histoire vous intéressent, allez lire mon article sur le fabuleux livre Pourquoi les bébés dorment-ils dans des lits à barreaux ?)

Contrairement aux adultes qui passent par plusieurs phases du sommeil léger jusqu’au sommeil profond, bébé peut directement s’endormir dans un sommeil paradoxal.

A cet âge, le sommeil de bébé comprend d’ailleurs une plus grande proportion de sommeil paradoxal durant lequel il se repasse ce qu’il a découvert durant ses phases d’éveil. Les connexions neuronales évoluent et se font au fil des jours.

Le mythe de bien nourrir bébé avant la nuit

On entend parfois qu’il faudrait faire un gros biberon à un bébé pour espérer qu’il dorme plus longtemps. Ce serait une plus grande quantité de lait qui assurerait que l’estomac soit plein plus longtemps et évite à bébé de se réveiller affamé.

Une étude a comparé des chiots allaités au biberon. Certains recevaient du lait dans un biberon à large orifice = plus grande quantité de lait absorbée. D’autres recevaient du lait dans un biberon à petit orifice = plus d’effort à fournir pour obtenir du lait. Cette étude a montré que les chiots nourris avec un biberon à large orifice avaient un sommeil plus agité. Téter plus vigoureusement permet un meilleur relâchement du tonus musculaire. Plus fatigué, la qualité de sommeil de ces chiots étaient meilleure.

Reste à déterminer si on peut transposer ce comportement aux nourrissons humains ? 😉

Le sommeil de bébé entre 4 et 7 mois ?

Durant cette période, bébé acquiert le rythme circadien (rythme jour nuit) La plupart du temps, il commence à avoir un rythme de 2 siestes et d’une « nuit » de sommeil par 24h.

L’enfant découvre et s’adapte progressivement aux phases de sommeil type des adultes. Il passe du sommeil biphasique qui mêle sommeil paradoxal et sommeil profond à un sommeil polyphasique. Le sommeil polyphasique est composé de 4 types de phases de plus léger à plus profond. Bébé commence par traverser une phase de sommeil non paradoxal avant le sommeil paradoxal.

On parle souvent de régressions de sommeil durant cette période, car le bébé peut se réveiller plus fréquemment qu’avant, ou son sommeil peut sembler plus léger. C’est souvent très agaçant pour ses parents qui sont fatigués par leur vie de parent et leur vie professionnelle. En réalité, il s’agit surtout pour bébé de s’adapter à tout ce qu’il traverse au cours de sa croissance : l’introduction de l’alimentation solide, le retour au travail de sa mère.

Comment dort bébé entre 8 mois et 2 ans ?

Une fois que bébé a découvert les différentes phases du sommeil polyphasique, le sommeil de bébé va maturer vers un sommeil type d’adulte.

À cet âge, le sommeil de bébé va progressivement vers moins de réveils nocturnes. Bébé s’est habitué à l’alimentation solide et à son nouveau rythme quotidien.

Malgré tout, les changements d’environnements ou de rythme peuvent impacter la qualité du sommeil de bébé. Les rêves et cauchemars apparaissent. Bébé perçoit qu’il est une personne distincte de ses parents, cela provoque des angoisses de séparation. Il apprend également le quatre pattes ou la marche, la maîtrise de ses sphincters et il fait ses dents. Que de raisons qui peuvent impacter son sommeil sur cette période !

C’est une période souvent agitée au moment du coucher et ponctuée de réveils nocturnes, et on imagine bien pourquoi devant tant d’évolutions pour bébé.

Conseil : l’autrice recommande de limiter l’angoisse au moment du coucher, de rester avec bébé jusqu’à ce qu’il se sente en sécurité et se rende compte que son environnement ne devient pas menaçant pendant son sommeil.

Sommeil bébé

Alors oui, c’est pesant de savoir que son enfant peut se réveiller plusieurs fois par nuit dans ses premières années de vie. Pour autant, l’autrice souligne bien que cela fait partie du développement normal d’un enfant.

Mais alors comment détecter des problèmes de sommeil ?

Il est complexe de détecter des problèmes de sommeil. En effet, il est tout d’abord important de ne pas s’alarmer à tort pour une situation normale (merci à notre société de nous faire croire qu’à 3 mois nos bébés devraient faire leur nuits…). Mais il faut aussi éviter de passer à côté d’une autre pathologie dont le trouble du sommeil serait seulement un symptôme. Dans son livre, Rosa Jové présente 4 causes fréquentes de faux diagnostics.

L’erreur d’interprétation

L’erreur d’interprétation, c’est imaginer que bébé pleure pour m’embêter dès que je le pose. En réalité, il peut avoir tellement d’autres raisons, comme un besoin de sentir la chaleur d’un être humain attentionné.

Le manque d’information

Quels sont les besoins de mon bébé à son âge ? On peut avoir l’impression qu’il ne fait que dormir, ou qu’au contraire il ne dort jamais. Une chose que recommande l’autrice est de mesurer concrètement les cycles de sommeil de notre bébé.

Il faut également être vigilant avec les informations de type statistiques faites sur des populations qui ne correspondent pas à la nôtre avec ses habitudes culturelles et son mode de vie.

Enfin, les enchaînements de séquences sommeil/réveils sont plus importantes que le nombre d’heures de sommeil. Un bébé ayant acquis un rythme circadien mais dormant peu sera, a priori, moins inquiétant qu’un bébé qui dormirait beaucoup mais avec un  rythme complètement chaotique.

Mauvaise synchronisation

Il est souvent compliqué de concilier le rythme de l’enfant et ses besoins avec ses contraintes d’adulte / parent. Les parents ont besoin ou envie de dormir à des heures qui ne sont pas forcément celles de l’enfant. Le jeune enfant peut avoir du mal à comprendre qu’il est perçu par notre société comme étrange de se réveiller à 3h du matin avec l’envie de jouer.

La clé est de faire matcher autant que possible son rythme de vie à celui de son enfant. Alors si bébé se couche à 19h et se lève à 6h… C’est sûr que c’est compliqué de répondre aux besoins d’affection de son enfant s’il va se coucher tôt alors qu’on rentre tard du travail… Et c’est aussi galère de regarder le film jusqu’à 23h en espérant dormir jusqu’à 8h le lendemain 😇

Je rêve d’un congé maternité long comme dans les pays scandinaves pour permettre aux parents qui le souhaitent de vivre au rythme de leur enfant tant que celui-ci est trop jeune pour s’adapter !

4. Complication d’une situation normale

L’autrice rappelle que corrélation n’est pas causalité… et elle cite l’exemple d’une étude qui indiquerait que  30% des espagnols ont des difficultés à s’endormir notamment en raison de mauvaise habitudes d’endormissement (c’est quoi une mauvaise habitude déjà ?) dans les premières années de vie. (l’autrice est espagnole 😉)

Et si c’était l’inverse ? Imaginons une étude qui montrerait que 30% des espagnols ont des difficultés à s’endormir à cause… de leur consommation de pommes de terre dans les premières années de vie ! Il est probablement très facile de trouver un tel échantillons puisque beaucoup d’espagnols consomment des pommes de terre dans leurs premières années de vie…

Et quand il y a un réel problème de sommeil ?

Une fois qu’on a éliminé les faux problèmes de sommeil, il peut arriver de constater de réels troubles du sommeil. Ces troubles se répartisent majoritairement en 2 classes.

Dyssomnies

Ce sont des perturbations de la quantité ou qualité du sommeil

Elles s’expliquent notamment par le fait que l’enfant a besoin de temps pour s’habituer au rythme que lui impose notre société et assimiler toutes les découvertes qu’il fait durant son développement.

Il peut aussi être intéressant de réfléchir à ces contraintes, leur importance dans notre vie d’adulte et la flexibilité horaire que l’on peut envisager.

Symptômes

L’enfant est réveillé ou facile à réveiller. Il se souvient de son cauchemar.
Pleurs, cris et transpiration.
L’enfant reconnait ses parents et a besoin d’être consolé pour se rendormir (difficilement souvent)

Quand

Plutôt durant le sommeil paradoxal, en fin de nuit
Cela arrive surtout dans des périodes où les journées sont stressantes, (angoisse de séparation vers 9-18 mois, maitrise des sphincters vers 2-3 ans, périodes de grandes découvertes)

Que faire ?

Rassurer son enfant, le prendre dans les bras, prendre le temps d’être là pour lui

Parasomnies

On pense ici à une conduite anormale pendant le sommeil. Les plus fréquentes :  les terreurs nocturnes

Symptômes

L’enfant peut paraître réveillé, mais ne se souvient de rien le lendemain. L’enfant refuse les contacts physiques et ne reconnait pas ses parents. Il se rendort généralement en 10-20 min.

Cris pleurs, agitation physique pendant l’épisode.

Quand

Plutôt durant les phases de sommeil profond, en début de nuit
Entre 2-5 ans, le sommeil profond de l’enfant est plus profond que celui de l’adulte, il y a un « plus grand » fossé à traverser pour atteindre le sommeil paradoxal.

 Que faire ?

Il n’y a pas grand chose à faire sur le moment, à part d’empêcher son enfant de se blesser.

Dans tous les cas, le rassurer au moment du coucher et ne pas attendre qu’il soit trop fatigué peut contribuer à diminuer les parasomnies.

 

Pour conclure…

J’ai apprécié la lecture de ce livre qui permet de réaliser que c’est souvent tout à fait normal que les enfants ne fassent pas leurs nuits au bout de 3 mois. L’approche est rassurante, sans pour autant nier l’existence de réels troubles du sommeil. Son approche chronologique sur le développement du sommeil chez l’enfant le rend simple à prendre en main.

Pourquoi les bébés dorment-ils dans des lits à barreaux ?

Pourquoi les bébés dorment-ils dans des lits à barreaux ?

Dans cette rubrique, je vous présente les lectures que je fais pour approfondir certains sujets. Ces thèmes me tiennent à coeur et je ressens un besoin de m’informer plus spécifiquement.

Dans ce premier article, je vous parle de ma lecture du livre de Natacha Butzbach, créatrice du blog Curiosité Bienveillante : Pourquoi les bébés dorment-ils dans des lits à barreaux ?

Yanick, doula

Un historique riche des pratiques de parentage

Natacha Butzbach a réalisé la prouesse de faire un gros travail d’Histoire dans un ouvrage très agréable à lire. Elle a parcouru pour chaque âge de l’humanité de nombreuses ressources historiques des pratiques de parentage de l’époque. Ce travail documentaire de qualité met en lumière les évolutions des conseils et doctrines sur l’allaitement, le portage et le sommeil des enfants. Elle commence son ouvrage par questionner ce qui, dans l’Histoire, nous a éloigné de nos intuitions de parents et de la proximité de nos enfants. En effet, aujourd’hui, on n’envisage parfois même pas de faire dormir nos bébés ailleurs que dans des lits à barreaux !

Quelques questionnements avant de débuter…

Avant la lecture de cet ouvrage, je me suis posée plusieurs questions. Comment des parents ne pratiquant pas le parentage proximal (par choix ou par méconnaissance par exemple) pourraient vivre la lecture de ce livre ? J’avais peur que cet ouvrage soit une nouvelle injonction pour les parents à pratiquer le parentage proximal. Les jeunes parents reçoivent assez d’injonctions à mes yeux. Inutile de leur en rajouter, aussi bienveillante soit-elle. De tels ouvrages plongent parfois les parents dans la culpabilité quand ils « découvrent » ce qu’ils ont « mal fait » avec leur enfant.

Mais Natacha Butzbach explique dans son ouvrage que si elle critique une chose, c’est bien la société. Celle-ci empêche les parents de faire leurs choix en conscience :

  • En ne rémunérant pas suffisamment les parents qui auraient envie de s’occuper de leurs enfants dans leurs premières années de vie – contrairement aux pays nordiques
  • Trop peu de lieux publics sont « child-friendly » et laissent les parents venir accompagnés de leurs enfants
  • Sans parler des montagnes que doivent soulever des mères souhaitant allaiter et reprendre le travail

Une seconde question qui m’est venue assez vite a été d’imaginer ce que l’on peut observer a posteriori de l’Histoire ? Comment s’assurer que les écrits sur lesquels on s’appuie représentent ce que vivaient les gens à l’époque. Comment éviter de voir une époque donnée avec un effet de loupe déformante ? Encore plus quand on sait que c’est assez récent dans l’histoire de l’humanité que tout un chacun a la possibilité d’écrire ce qui lui tient à coeur et le partager aisément… A cette seconde question, j’imagine que le biais est limité par le fait que l’autrice s’appuie sur plusieurs sources distinctes. Ces sources sont parfois en accord, parfois en désaccord. Cela est d’autant plus intéressant qu’aujourd’hui encore, les jeunes parents reçoivent souvent des conseils contradictoires… Alors, si on s’autorisait à se faire confiance ?

Des évolutions parfois surprenantes

J’ai été complètement bluffée de découvrir que la sédentarisation avait eu un impact extrêmement fort sur les pratiques de maternage humaines. En effet, la sédentarisation a exigé des femmes qu’elles consacrent plus de temps à s’occuper des foyers et des ressources. Elles avaient alors moins de temps proches de leur enfant : l’autrice parle de parentage distal. L’allaitement étant moins fréquent, elles avaient un retour de couche plus précoce. Étant fertiles plus rapidement, elles avaient souvent un nouvel enfant plus rapidement… Donc moins de temps à offrir à chaque enfant, etc.

Natacha Butzbach raconte comment les pratiques de parentage ont évolué au fil des siècles. Si on prend l’exemple de la durée de l’allaitement, on préconisait 6 mois d’allaitement maximum durant l’Antiquité, mais jusqu’au 3ème Carême de l’enfant au Moyen-Âge (se rapprochant ainsi plus des allaitements non écourtés de la Préhistoire)… Avant de passer à des périodes où les mères de l’aristocratie ne nourrissaient plus leurs enfants quasiment dès leur naissance pour retourner à leurs fonctions au plus vite.

Vous pourrez aussi découvrir comment certaines époques exigeaient une abstinence sexuelle durant la durée de l’allaitement, ou le partage du sommeil dans un même lit (quand cela n’allait pas jusqu’à la position dans laquelle dormir…) avant la mise en avant de l’importance du lit conjugal réservé au couple. Et de là est arrivé le berceau pour bébé ! De nombreuses doctrines ont été édictées tantôt par les médecins, les philosophes, l’Église, les politiques voire les maris pour l’autorisation d’allaiter… (souvent des hommes… hmmm… bienvenue en patriarcat !) Paraît-il que les émotions de la mère et la pollution parisienne pouvaient rendre le lait mauvais pour bébé. Il fallait donc l’envoyer en nourrice à la campagne : idéal pour l’attachement aux figures parentales. Autres temps autres moeurs…

« Il faut tout un village pour élever un enfant« . Le modèle de la famille nucléaire (2 parents et les enfants) n’a disparu finalement que récemment à l’échelle de l’humanité. Jusqu’au 20ème siècle, les familles cohabitaient avec les aïeux, qui pouvaient donc apporter du soutien logistique précieux aux jeunes parents. Quelque chose qui manque parfois cruellement aujourd’hui…

Croyances versus connaissance

Certaines croyances bien ancrées viennent donc de traditions anciennes. On ne compte par exemple plus les différentes facettes du mythe de l’enfant gâté. S’il reste trop attaché à sa mère, il risque de ne jamais savoir vivre en autonomie.

Sauf que demander à un parent de laisser pleurer, dormir seul ou manger à horaire fixes à son enfant peut lui sembler d’une grande violence à l’encontre de son instinct de parent. Cela peut aussi miner sa confiance en lui.

D’ailleurs, depuis le 20ème siècle et l’abondance de livres de puériculture et d’éducation dont on dispose, on aurait pu se dire que ça y est : finies les croyances qui ne reposent sur rien et place à la connaissance pour les parents ? Que nenni ! Les informations que l’on trouve dans certains livres s’inspirent d’expériences en collectivité où le personnel trop peu nombreux gérait comme il pouvait les besoins de nombreux enfants (notamment en planifiant repas, changes, temps d’activités). On est loin du modèle de parentalité proximale où le parent peut prendre soin de son enfant à son rythme, en respectant les besoins de son tout-petit.

Je mettrais malgré tout un petit bémol à ce point, car il existe des ouvrages de parentalité positive qui sous couvert d’études scientifiques et de nombreuses références peuvent malgré tout faire culpabiliser les parents de ne pas assez bien accompagner leur enfant (je vous en parlerai sûrement le jour où je présenterai l’éducation vraiment positive de Béatrice Kammerer !)

Sortir d’un rapport parent enfant de type dominant-dominé

Une chose que j’ai aimée à la lecture de ce livre, c’est le fait de mettre des mots sur les efforts que demandent aux parents de tendre vers une relation apaisée avec leurs enfants. En effet, on est aujourd’hui conditionné dans une relation où le parent doit maîtriser son enfant en toutes circonstances. Ce rapport d’autorité est la norme que l’on peut voir autour de nous, dans les films/séries ou lectures. Pratiquer l’éducation proximale demande un effort de déconstruction pour d’abord imaginer d’autres manières de faire. Ensuite, on peut vouloir (ou non) oser faire différemment de ce qu’on a vécu et de ce qu’on voit autour de soi.

Natacha Butzbach met en lumière le fait que la société nous indique bien comment vivre sans nos enfants (productivité coûte que coûte bonjour !) mais offre trop peu de manières d’inclure nos enfants sans les voir comme une entrave à nos activités. Les lieux pour adultes, mais adaptés à l’accueil des enfants (child-friendly) sont effectivement bien rares. Il semble impossible à beaucoup d’emmener avec soi ses enfants au travail, ou dans des établissements ouverts au public. Cela a tendance à renforcer l’isolement des jeunes parents. Et si cela pouvait être différent ? Donner leur place aux enfants dans nos vies d’adultes permettrait sûrement d’apaiser les relations parents-enfants, mais pas que !

Si on avait plus d’occasions d’observer différentes pratiques de parentage (proximal ou non), cela permettrait aux parents de prendre ce qui leur plaît dans chaque pratique. Faire des choix éclairés en tant que parents demande en effet d’avoir conscience que des choix existent.

En tant que doula, il me tient en tout cas à coeur d’offrir ce type d’espaces à de jeunes parents dans des cercles parents-enfants. Que chacun puisse se sentir accueilli, moins isolé dans ses propres galères et découvrir parfois des solutions auxquelles ils n’avaient pas pensé !

Pour conclure…

Vous l’aurez compris, j’ai beaucoup apprécié l’approche de ce livre qui permet d’imaginer des possibles et de comprendre d’où viennent certains de nos automatismes culturels. Il se lit très vite, ce qui est un plus indéniable lorsqu’on est un futur ou jeune parent ! Il rejoint ma bibliothèque de doula auprès de plein d’autres ouvrages.