Dans cette rubrique, je vous présente les lectures que je fais pour approfondir certains sujets. Ces thèmes me tiennent à coeur et je ressens un besoin de m’informer plus spécifiquement.
Dans cet article, je vous parle de ma lecture du livre de Rosa Jové : Dormir sans larmes.
J’ai beaucoup apprécié découvrir ce livre qui m’a permis de me rassurer et de relativiser les attentes que la société cherche à plaquer sur le sommeil des bébés… Ici, la fameuse question qu’on m’a beaucoup posée était “alors, il fait ses nuits ton bébé ?” Et régulièrement, avant de lire ce livre, je me demandais si mon bébé était en retard ou si en tant que mère j’avais raté quelque chose.
Dans cet article je résumerai brièvement les différentes étapes du développement de bébé concernant son sommeil. Dans un second temps, je présenterai quelques éléments qui peuvent indiquer des troubles du sommeil. Ces éléments peuvent vous idniquer qu’il faudrait consulter un professionnel.
Le sommeil de bébé
A tout âge, le sommeil de bébé s’adapte à ses besoins. Et les besoins de bébé évoluent au fil de sa croissance, alors son sommeil aussi !
La morale de ce livre : Tous les bébés finissent par faire leurs nuits, même si selon les enfants, ça prend plus ou moins longtemps. Il s’agit d’une acquisition que chaque enfant fera à son rythme (comme la marche !)
Comment dort bébé entre 0 et 3 mois ?
À cet âge, bébé se réveille souvent et pleure pour qu’on réponde à ses besoins (alimentation, affection, sécurité…). Il compte sur un adulte étant donné qu’il ne peut encore pas répondre lui-même à ses besoins. Son petit estomac lui impose de manger fréquemment donc il se réveille souvent pour manger.
Il est intéressant de noter que les pleurs de bébés sont un des moyens qu’a trouvé l’espèce humaine pour assurer sa survie au fil de l’Histoire. Peut-être qu’aujourd’hui, on trouve ça embêtant, mais statistiquement parlant, les bébés qui ont le plus survécu de par l’histoire sont ceux qui pleuraient le plus… et qu’on n’oubliait pas d’emmener avec soi pour les protéger d’un prédateur. Pour le plus grand bonheur de leurs parents ! (Si les pratiques de parentage au cours de l’Histoire vous intéressent, allez lire mon article sur le fabuleux livre Pourquoi les bébés dorment-ils dans des lits à barreaux ?)
Contrairement aux adultes qui passent par plusieurs phases du sommeil léger jusqu’au sommeil profond, bébé peut directement s’endormir dans un sommeil paradoxal.
A cet âge, le sommeil de bébé comprend d’ailleurs une plus grande proportion de sommeil paradoxal durant lequel il se repasse ce qu’il a découvert durant ses phases d’éveil. Les connexions neuronales évoluent et se font au fil des jours.
Le mythe de bien nourrir bébé avant la nuit
On entend parfois qu’il faudrait faire un gros biberon à un bébé pour espérer qu’il dorme plus longtemps. Ce serait une plus grande quantité de lait qui assurerait que l’estomac soit plein plus longtemps et évite à bébé de se réveiller affamé.
Une étude a comparé des chiots allaités au biberon. Certains recevaient du lait dans un biberon à large orifice = plus grande quantité de lait absorbée. D’autres recevaient du lait dans un biberon à petit orifice = plus d’effort à fournir pour obtenir du lait. Cette étude a montré que les chiots nourris avec un biberon à large orifice avaient un sommeil plus agité. Téter plus vigoureusement permet un meilleur relâchement du tonus musculaire. Plus fatigué, la qualité de sommeil de ces chiots étaient meilleure.
Reste à déterminer si on peut transposer ce comportement aux nourrissons humains ? 😉
Le sommeil de bébé entre 4 et 7 mois ?
Durant cette période, bébé acquiert le rythme circadien (rythme jour nuit) La plupart du temps, il commence à avoir un rythme de 2 siestes et d’une “nuit” de sommeil par 24h.
L’enfant découvre et s’adapte progressivement aux phases de sommeil type des adultes. Il passe du sommeil biphasique qui mêle sommeil paradoxal et sommeil profond à un sommeil polyphasique. Le sommeil polyphasique est composé de 4 types de phases de plus léger à plus profond. Bébé commence par traverser une phase de sommeil non paradoxal avant le sommeil paradoxal.
On parle souvent de régressions de sommeil durant cette période, car le bébé peut se réveiller plus fréquemment qu’avant, ou son sommeil peut sembler plus léger. C’est souvent très agaçant pour ses parents qui sont fatigués par leur vie de parent et leur vie professionnelle. En réalité, il s’agit surtout pour bébé de s’adapter à tout ce qu’il traverse au cours de sa croissance : l’introduction de l’alimentation solide, le retour au travail de sa mère.
Comment dort bébé entre 8 mois et 2 ans ?
Une fois que bébé a découvert les différentes phases du sommeil polyphasique, le sommeil de bébé va maturer vers un sommeil type d’adulte.
À cet âge, le sommeil de bébé va progressivement vers moins de réveils nocturnes. Bébé s’est habitué à l’alimentation solide et à son nouveau rythme quotidien.
Malgré tout, les changements d’environnements ou de rythme peuvent impacter la qualité du sommeil de bébé. Les rêves et cauchemars apparaissent. Bébé perçoit qu’il est une personne distincte de ses parents, cela provoque des angoisses de séparation. Il apprend également le quatre pattes ou la marche, la maîtrise de ses sphincters et il fait ses dents. Que de raisons qui peuvent impacter son sommeil sur cette période !
C’est une période souvent agitée au moment du coucher et ponctuée de réveils nocturnes, et on imagine bien pourquoi devant tant d’évolutions pour bébé.
Conseil : l’autrice recommande de limiter l’angoisse au moment du coucher, de rester avec bébé jusqu’à ce qu’il se sente en sécurité et se rende compte que son environnement ne devient pas menaçant pendant son sommeil.
Alors oui, c’est pesant de savoir que son enfant peut se réveiller plusieurs fois par nuit dans ses premières années de vie. Pour autant, l’autrice souligne bien que cela fait partie du développement normal d’un enfant.
Mais alors comment détecter des problèmes de sommeil ?
Il est complexe de détecter des problèmes de sommeil. En effet, il est tout d’abord important de ne pas s’alarmer à tort pour une situation normale (merci à notre société de nous faire croire qu’à 3 mois nos bébés devraient faire leur nuits…). Mais il faut aussi éviter de passer à côté d’une autre pathologie dont le trouble du sommeil serait seulement un symptôme. Dans son livre, Rosa Jové présente 4 causes fréquentes de faux diagnostics.
L’erreur d’interprétation
L’erreur d’interprétation, c’est imaginer que bébé pleure pour m’embêter dès que je le pose. En réalité, il peut avoir tellement d’autres raisons, comme un besoin de sentir la chaleur d’un être humain attentionné.
Le manque d’information
Quels sont les besoins de mon bébé à son âge ? On peut avoir l’impression qu’il ne fait que dormir, ou qu’au contraire il ne dort jamais. Une chose que recommande l’autrice est de mesurer concrètement les cycles de sommeil de notre bébé.
Il faut également être vigilant avec les informations de type statistiques faites sur des populations qui ne correspondent pas à la nôtre avec ses habitudes culturelles et son mode de vie.
Enfin, les enchaînements de séquences sommeil/réveils sont plus importantes que le nombre d’heures de sommeil. Un bébé ayant acquis un rythme circadien mais dormant peu sera, a priori, moins inquiétant qu’un bébé qui dormirait beaucoup mais avec un rythme complètement chaotique.
Mauvaise synchronisation
Il est souvent compliqué de concilier le rythme de l’enfant et ses besoins avec ses contraintes d’adulte / parent. Les parents ont besoin ou envie de dormir à des heures qui ne sont pas forcément celles de l’enfant. Le jeune enfant peut avoir du mal à comprendre qu’il est perçu par notre société comme étrange de se réveiller à 3h du matin avec l’envie de jouer.
La clé est de faire matcher autant que possible son rythme de vie à celui de son enfant. Alors si bébé se couche à 19h et se lève à 6h… C’est sûr que c’est compliqué de répondre aux besoins d’affection de son enfant s’il va se coucher tôt alors qu’on rentre tard du travail… Et c’est aussi galère de regarder le film jusqu’à 23h en espérant dormir jusqu’à 8h le lendemain 😇
Je rêve d’un congé maternité long comme dans les pays scandinaves pour permettre aux parents qui le souhaitent de vivre au rythme de leur enfant tant que celui-ci est trop jeune pour s’adapter !
4. Complication d’une situation normale
L’autrice rappelle que corrélation n’est pas causalité… et elle cite l’exemple d’une étude qui indiquerait que 30% des espagnols ont des difficultés à s’endormir notamment en raison de mauvaise habitudes d’endormissement (c’est quoi une mauvaise habitude déjà ?) dans les premières années de vie. (l’autrice est espagnole 😉)
Et si c’était l’inverse ? Imaginons une étude qui montrerait que 30% des espagnols ont des difficultés à s’endormir à cause… de leur consommation de pommes de terre dans les premières années de vie ! Il est probablement très facile de trouver un tel échantillons puisque beaucoup d’espagnols consomment des pommes de terre dans leurs premières années de vie…
Et quand il y a un réel problème de sommeil ?
Une fois qu’on a éliminé les faux problèmes de sommeil, il peut arriver de constater de réels troubles du sommeil. Ces troubles se répartisent majoritairement en 2 classes.
Dyssomnies
Ce sont des perturbations de la quantité ou qualité du sommeil
Elles s’expliquent notamment par le fait que l’enfant a besoin de temps pour s’habituer au rythme que lui impose notre société et assimiler toutes les découvertes qu’il fait durant son développement.
Il peut aussi être intéressant de réfléchir à ces contraintes, leur importance dans notre vie d’adulte et la flexibilité horaire que l’on peut envisager.
Symptômes
L’enfant est réveillé ou facile à réveiller. Il se souvient de son cauchemar.
Pleurs, cris et transpiration.
L’enfant reconnait ses parents et a besoin d’être consolé pour se rendormir (difficilement souvent)
Quand
Plutôt durant le sommeil paradoxal, en fin de nuit
Cela arrive surtout dans des périodes où les journées sont stressantes, (angoisse de séparation vers 9-18 mois, maitrise des sphincters vers 2-3 ans, périodes de grandes découvertes)
Que faire ?
Rassurer son enfant, le prendre dans les bras, prendre le temps d’être là pour lui
Parasomnies
On pense ici à une conduite anormale pendant le sommeil. Les plus fréquentes : les terreurs nocturnes
Symptômes
L’enfant peut paraître réveillé, mais ne se souvient de rien le lendemain. L’enfant refuse les contacts physiques et ne reconnait pas ses parents. Il se rendort généralement en 10-20 min.
Cris pleurs, agitation physique pendant l’épisode.
Quand
Plutôt durant les phases de sommeil profond, en début de nuit
Entre 2-5 ans, le sommeil profond de l’enfant est plus profond que celui de l’adulte, il y a un “plus grand” fossé à traverser pour atteindre le sommeil paradoxal.
Que faire ?
Il n’y a pas grand chose à faire sur le moment, à part d’empêcher son enfant de se blesser.
Dans tous les cas, le rassurer au moment du coucher et ne pas attendre qu’il soit trop fatigué peut contribuer à diminuer les parasomnies.
Pour conclure…
J’ai apprécié la lecture de ce livre qui permet de réaliser que c’est souvent tout à fait normal que les enfants ne fassent pas leurs nuits au bout de 3 mois. L’approche est rassurante, sans pour autant nier l’existence de réels troubles du sommeil. Son approche chronologique sur le développement du sommeil chez l’enfant le rend simple à prendre en main.