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Bonjour à tout.e.s,

Vous le savez sûrement, j’adore lire des ouvrages qui parlent périnatalité pour découvrir les mystères de la grossesse, ou comprendre comment grandissent les bébés… En tant que doula, je vous propose dans cette rubrique mes retours sur ces lectures.

Aujourd’hui, c’est le tour du livre Relation Frère-soeur, du conflit à la rencontre de Catherine Dumonteil-Kremer ! Ce livre, je l’ai lu quelques semaines avant mon deuxième accouchement. J’avais à l’époque publié quelques stories sur Instagram, mais je profite aujourd’hui pour compléter ce contenu avec mon ressenti à plus long terme. En tout cas, je trouve que ce livre m’a grandement aidé à vivre plus sereinement le passage de notre famille de 3 à 4. Merci ! J’espère que ces quelques réflexions vous aideront à trouver vos propres marques de parents, loin des “il faut faire comme ci”, ou “ça va partir en cacahuète sans faire cela”…

Yanick, doula

La place de l’aîné dans la fratrie

Je me suis très vite compte que ce petit livre allait remuer beaucoup de choses en moi. Il commence par présenter la place de l’aîné avant même l’arrivée d’un nouvel enfant.  L’aîné peut être écrasé par les parents et leurs principes éducatifs, leur envie de bien faire. Ils naviguent entre les diverses sources d’information et injonctions sociétales. Ces injonctions peuvent rendre la relation parent-aîné sévère ou violente. Et par répercussion, l’aîné reproduit ce modèle jusqu’à parfois être violent sur le cadet.

Une tempête inéluctable ?

On entend souvent parler de violence et de conflits à l’arrivée d’un nouveau bébé dans la famille. Il en existe plusieurs formes : entre enfants et nouveau-né ou entre enfant et parents. Chacun doit trouver ses marques avec l’arrivée de ce nouveau-né. D’ailleurs, c’est une excellente occasion de faire appel à une doula ! Celle-ci ouvrira un espace de communication pour que chaque membre de la famille puisse déposer ce qui lui tient à coeur.

Selon Catherine Dumonteil-Kremer, on peut prévenir les réactions violentes de son ainé dès l’arrivée de son premier enfant. Cela m’a tout d’abord étonnée, et puis avec le recul, j’ai finalement trouvé cela logique.

En s’occupant de son premier enfant avec douceur, en prenant le temps dans les moments (souvent) répétitifs du quotidien (vous savez, ceux qu’on a tendance à vouloir faire vite, pris dans nos contraintes d’adultes…), notre enfant grandit avec un modèle de douceur, qu’il va reproduire naturellement.Un peu de la même manière qu’il apprend à parler en commençant par répéter en fait.

Lui donner de l’amour lui enseignera à en donner à son petit frère ou sa petite soeur.

A titre personnel, à la lecture de ce livre, je me suis rendue compte que nous parlions et expliquions beaucoup de choses à notre puce pour lui dire ce qu’on va faire et pourquoi. On se réjouit également quand elle veut faire certaines choses seule. On l’y encourage. (Ce n’est pas toujours facile quand il y a des verres en jeu… mais ça va venir !) Ces marques de confiance envers elle et son autonomie grandissante la rendent fière et nous aussi.

Bon, on va relativiser malgré tout. Entre ce que l’on a envie de faire et l’énergie du moment, il est sûr qu’il nous arrive aussi parfois d’être speed, plus contraints. La prise de conscience qu’on est moins doux, c’est déjà une belle première étape. Il est parfois difficile de rester bienveillants envers nous. L’important est que chacun fait avec ses moyens du moments et ses convictions.

A posteriori, on a effectivement eu la chance d’observer beaucoup de douceur et d’affection entre nos deux enfants. Je n’osais trop l’espérer, et la magie a opéré. En donnant du temps et de l’amour à notre aînée, elle fait pareil, et prend soin de son frère. Elle est attentive à ses besoins, comme on essaie d’être attentive aux siens !

Quel est l’écart d’âge idéal ?

Comment savoir ? Il est en effet difficile d’accorder autant d’attention qu’on le souhaiterait à 2 enfants rapprochés et donc en même temps en bas âge. Et en même temps, il peut aussi être rebutant de se replonger dans les couches une fois que notre aîné a gagné en autonomie ! Chacun fait à sa manière… et puis parfois, on ne choisit pas !

Il me tient également à coeur, en tant que doula, de rappeler qu’aujourd’hui, l’attention accordée à nos enfants repose quasi-totalement sur ses parents. Notre société a quasiment imposé de par son fonctionnement une famille nucléaire, pour laquelle, les grands-parents loin, les proches et amis peu disponibles à cause de leurs propres activités ou famille… Cela peut rendre bien compliqué de vivre avec plusieurs enfants en bas âge.

Avoir plusieurs enfants en bas âge est très exigeant pour les parents et peut en plonger certains dans l’épuisement à cause au choix : d’injonctions de la société, d’envie de bien faire, de reprise du travail (bonjour la double vie à 300 à l’heure…

Catherine Dumonteil-Kremer nous invite à remettre au coeur de la parentalité l’importance de construire son village ? Historiquement, c’était d’ailleurs ainsi que fonctionnaient nos sociétés (j’en parle dans l’article sur le passionnant Pourquoi les bébés dorment-ils dans des lits à barreaux ?)

Alors, si la société pouvait nous laisser la possibilité de ralentir pour prendre le temps avec nos enfants ? C’est un temps dont ils ont tellement besoin. Cela progresse doucement, avec l’allongement du congé paternité à un mois (depuis juillet 2021). Cependant, les mamans qui souhaitent par exemple allaiter leur enfant ses six premiers mois (en accord avec les recommandations de l’OMS 😉) se retrouvent à devoir choisir entre prendre un congé parental peu rémunéré ou reprendre le travail et assumer en plus de leur emploi la gestion d’un stock de lait maternel, ce qui est loin d’être évident…

Un petit qui grandirait vite d’un coup ?

A l’arrivée du cadet, la perception qu’on a de l’aîné en tant que parent, peut être chamboulée ! C’est qu’il semble d’un coup tellement grand à côté d’un si petit nourrisson.

Alors qu’il n’a pas grandi d’un seul coup et est devenu autonome simplement durant le temps de l’accouchement (ça pourrait être cool mais non !) Peut-être avez-vous eu cette sensation étrange que votre aîné avait grandi d’un coup à l’arrivée du deuxième ? Si vous avez envie de partager une anecdote de votre vécu, les commentaires sont grand ouverts ! J’ai par exemple parfois dû me raisonner pour me rappeler que non, mon aînée n’avait pas forcément envie (et était donc capable) de s’habiller seule chaque jour depuis la naissance de mon deuxième…

Une période de régressions ?

A l’arrivée du deuxième enfant, on entend souvent parler des régressions du premier enfant. “Mon enfant qui était continent, n’arrive plus à se retenir… je dois lui remettre des couches” ou bien “Il mangeait si bien et proprement, et là, je me retrouve à devoir le nourrir de purée comme son frère”

A ce sujet-là, Catherine Dumonteil-Kremer a un point de vue que j’ai une nouvelle fois trouvé surprenant d’abord mais très intéressant. L’aîné se souvient de son vécu de bébé. Il prend plaisir à revivre certaines choses comme avant en voyant la manière dont on s’occupe du petit dernier. Cela est naturel.

Ce serait un peu comme si je voyais ma petite soeur partir en vacances à la plage et que j’avais envie moi-aussi de telles vacances, mais qu’on m’expliquait que non, je serais trop vieille pour aller à la plage maintenant…

Avez-vous vécu ces “envies de se souvenir” ? Comment vous y avez répondu ?

Traiter ses enfants de manière égale ?

Eh bien figurez-vous qu’avant la lecture de ce livre, j’aurais répondu bien évidemment ! Besoin de justice… bonjour ! Il me semblait en tout cas normal et important de leur apprendre ce qu’est la justice.
Mais comme beaucoup de sujets, j’étais loin d’imaginer ce que ça impliquait

Je me rappelle très bien de mes parents qui voulaient nous offrir à la base à mes soeurs et moi les mêmes chances de réussir, les mêmes cadeaux pour certaines occasions (dont la grande étape du téléphone portable à l’entrée au lycée… c’était à l’époque ! 😂)

Aujourd’hui, je m’aperçois que réfléchir ainsi peut facilement nous enfermer dans une non écoute des besoins ou envies spécifiques de chacun de nos enfants, ou même du contexte dans lequel ils vivent.

Une alternative à ce “traitement d’égalité” serait de donner à chacun ce dont ils ont besoin plutôt que la même chose qu’on a donnée aux autres. L’écoute est alors la base d’une relation apaisée. Cette même écoute qu’une doula peut vous apporter lorsque des situations du quotidien vous mettent en tension.

Si l’un de mes enfants a besoin de beaucoup jouer avec moi et l’autre préfère que je lui conte beaucoup d’histoires, ils n’apprécieraient pas forcément que je ne fasse qu’un jeu et raconte une seule histoire à chacun par souci d’égalité ?

Pour conclure…

J’espère que ces quelques réflexions extraites de ma lecture du livre Relation frère-soeur vous ouvrira des possibles et sera bénéfique aux relations au sein de votre famille.

Je serai ravie de vous parler d’autres livres qui vous intéressent, alors n’hésitez pas à me faire savoir si vous avez envie que je parle de certains autres ouvrages en particulier !