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Aude, doulartiste du féminin

Aude, doulartiste du féminin

Dans cette série d’articles, je vous propose de découvrir les doulas, avec leurs points communs et leurs différences, leurs histoires et leurs valeurs. Convaincue qu’il existe une doula pour chaque famille, j’ai eu envie d’interviewer mes consoeurs pour qu’elles décrivent à leur manière leur métier de doula. Je vois ce métier comme un métier coloré : chaque doula a, à mes yeux, sa propre couleur, sa propre manière d’exercer. Ces articles seront une occasion pour vous de découvrir les portraits de ces femmes incroyables qui se mettent au service des familles pour les accompagner dans leurs questionnements et leur vie.

Yanick, doula

Aujourd’hui, je vous présente Aude, doula dans le sud de l’Ardèche (Aubenas, Joyeuse, Largentière… entre le Gard et les Cévennes). C’est elle qui m’a parlé pour la première fois du Centre Galanthis, alors si je suis ici aujourd’hui, c’est entre autres grâce à elle !

Emmène-nous dans tes voyages !

Dès mon adolescence, j’ai eu des envies de voyage, notamment grâce à mes lectures. J’adorais lire. Un jour, quand j’avais 11 ans et demi, j’ai lu un bouquin avec une histoire d’enfants qui nageaient avec des dauphins. J’ai dit à ma mère “Moi aussi, je veux nager avec les dauphins !“. On a cherché, et on a découvert qu’il était possible de partir en voyage sur la Fleur de Lampaul, un vieux gréément en bois. Les adolescents partaient sur un voilier faire des expéditions de neuf mois ! Mes parents m’ont laissé libre de postuler pour rejoindre l’aventure. Et c’est comme ça que je suis allée jusqu au dernier stage de sélection. Mais je n’ai pas été sélectionnée.

Quelques années plus tard, ma mère m’a montré un article de journal qui présentait l’association la Baleine Blanche. Cette association organisait également des voyages longs. J’ai postulé et cette fois, je suis partie neuf mois, pendant mon année de seconde. On a voyagé vers l’Afrique de l’Ouest, sur des voiliers modernes. On est partis de Marseille, on est allés en Espagne, au Maroc… puis on s’est arrêtés aux îles Canaries, en Mauritanie, au Sénégal, et on est allés en Gambie, pendant 2 ou 3 mois. Au retour, nous sommes passés à Madère en Tunisie, en Sardaigne et en Corse. Ca a été complètement dingue comme expérience ! Le retour a été dur, avec la découverte du lycée.

J’ai passé mon bac (plus pour mes parents !), puis je suis retournée en Bretagne pour passer le monitorat de voile croisière. J’y ai rencontré mon ex-compagnon, avec qui on a acheté un bateau. On a vécu pendant 5 ans entre la France et les Etats-Unis, en passant par le Cap Vert ! J’ai traversé l’Atlantique trois fois (on a fait une boucle et demie), fait du cabotage aux Açores, aux Canaries, le long des Caraïbes…

Voilà donc ma “première vie” ! Je suis rentrée en France j’avais, 26 ans. On pourrait se dire que le plus dur c’est de partir… mais en fait, c’est de revenir, de sentir que l’on attend de toi que tu rentres dans un moule, la pression des charges que tu dois payer Le retour a été difficile pour moi en tout cas !

D’où t’es venu ton intérêt autour du cycle féminin ?

Cela vient directement du fait que ma relation de couple s’est très mal terminée. Suite à cette rupture, je suis entrée dans une longue phase de reconstruction.

Cela m’a donné l’élan de m’emparer de la question du féminin. Qu’est-ce que c’est qu’être une femme ? Comment fonctionne son corps ? Il y avait plein de choses que je ne connaissais pas. J’ai eu très peu d’informations à ce sujet lorsque j’étais plus jeune.

Je me suis intéressée au début à tout ce qui était en lien avec le corps de la femme, le cycle féminin, les règles, la puberté. Et puis après, je suis arrivée à la grossesse, l’accouchement la maternité et le post-partum

J’ai effectué de nombreux stages autour du cycle féminin, de la féminité. J’y ai croisé de superbes personnes. Cela m’a énormément inspiré, c’est venu alimenter ma curiosité. Cela m’a poussé à vouloir rendre et transmettre ce qu’on m’avait offert, et tout ce que j’avais ENFIN appris !

Depuis mon retour en France, j’ai aussi déconstruit beaucoup de choses autour du patriarcat, autour de la condition des femmes, du relationnel. Ce sont vraiment des sujets qui me passionnent. Un jour, une amie m’a parlé du métier de doula. Au début, l’aspect périnatal m’a donné l’impression que cela ne correspondrait pas à mes besoins. Mais après une année de réflexion, ça a fait sens. Grâce à ce métier je pourrais rassembler toutes mes compétences autour de la femme. Je percevais déjà ce métier comme une possibilité d’expression des mes différentes facettes.

Que t’a apporté ta formation de doula ?

Ma formation m’a donné des clés. Je suis allée guérir beaucoup de blessures, des choses familiales ou même des choses dont je n’avais pas conscience au début de mon parcours.

Elle m’a apporté des connaissances pointues sur les sujet de la grossesse, sur l’accouchement.

J’ai vite pris conscience que cette formation m’apporterait la légitimité qui me manquait pour oser proposer des stages, créer et cocréer des événements.

J’ai découvert la force du collectif au travers d’un extraordinaire groupe de femmes. J’avais l’impression de participer à des cercles de femmes géants pendant trois ou quatre jours d’affilée.

Bon, j’avais aussi l’impression de passer à l’essoreuse parce qu’on apprenait des quantités de choses très importantes !!!

Certains modules m’ont beaucoup plus impactés parce que c’était en résonance avec mon histoire personnelle. C’était une opportunité de guérison. Par exemple, le module sur le couple m’a mise par terre… C’est venu réveiller des choses hyper violentes en moi. J’ai passé le week-end à pleurer, mais cela me permettait aussi de comprendre que mes blessures étaient à ces endroits-là. Et j’ai reçu du soutien… j’ai pris conscience que c’était possible d’être soutenue dans ces moments-là et j’ai beaucoup aimé !

Cette formation de doula m’a émerveillée en me faisant découvrir le pouvoir du corps des femmes, leurs capacités à créer un être humain, leurs forces pendant l’accouchement, les compétences de leur corps pour nourrir leur bébé… Depuis, je me suis dit que ce serait ok d’avoir des enfants, alors qu’avant ce n’était pas envisageable !

Tu n’as pas d’enfants, cela a-t-il un impact sur ta manière d’exercer ?

Certaines personnes se posent la question de la légitimité. J’ai écrit un article sur mon blog à ce sujet. Je me suis beaucoup questionnée, car le métier de doula correspondait tout à fait à ce que je voulais faire… Mais… je n’avais pas d’enfant et je n’en voulais pas. En quoi est-ce que ça allait nuire à ma capacité d’écoute et de présence ? En rien. La posture d’écoute et d’accueil de l’autre n’a rien à voir avec le fait d’avoir ou non des enfants. C’est possible d’avoir les compétences et la compréhension de l’humain, d’acquérir des outils comme la CNV qui permettent d’accompagner les familles. Faut-il nécessairement avoir connu un deuil périnatal ou de la pré-éclampsie pour accompagner de manière empathique ces passages de vie ? Le débat est vaste à ce sujet, et très personnel évidemment.

Pour ma part, Cela me permet d’accompagner les familles sans plaquer sur elles une expérience que j’aurais vécue. Cela m’évite de faire du “transfert”.

En terme pratico-pratique, c’est un avantage de ne pas avoir d’enfants. Je bosse comme je veux, quand je veux. Je n’ai pas d’enfant à aller chercher à 16h-16h30. Si je veux travailler le week-end, c’est possible. Et en termes de disponibilité, j’en ai plus que des doulas qui sont mamans et ont souvent des enfants en bas âge.

Du coup, je vis ça aujourd’hui comme une chance de ne pas avoir à gérer une casquette de maman en plus de la casquette de jeune entrepreneure.

Quand s’est manifesté ton envie de créer ?

Enfant, j’ai beaucoup créé, bricolé, peint des aquarelles, fabriqué des mobiles… Depuis mon bac, et mes années en bateau, j’en ai été assez déconnectée. A mon retour en France, cette part de moi a commencé à revenir en douceur. C’est aujourd’hui un autre pan de mon activité.

En plus de mes accompagnements, je souhaite développer et proposer des stages autour de la créativité et du féminin.

Quelle est ta couleur de doula ?

Ma couleur de doula, c’est de proposer des moments de création en plus des accompagnements avec les parents. On va créer cocréer des souvenirs de la grossesse ou du post partum si ielles le souhaitent.

C’est un service très organique. D’une famille à l’autre, c’est différent. Certains ont envie d’avoir un souvenir comme un moulage en plâtre de leur ventre en fin de grossesse. D’autres souhaitent créer des cartes d’empuissancement pour la grossesse ou l’accouchement. Cela peut aussi être des faire-parts de naissance, ou un album photo de la grossesse et des premiers jours de bébé… Tout est possible !

Ces moments de création sont des espaces où on va parfois pouvoir s’emparer de l’émotionnel. Ça peut être un prétexte à venir aborder certaines thématiques ou explorer une émotion. Pourquoi est-ce que j’ai peur ? Comment je me sens ? Quel lien j’ai à mon bébé ? Je souhaite amener la créativité dans mes accompagnements de doula pour ouvrir ces espaces de paroles et de partages.

Ces espaces permettent de pouvoir poser à l’extérieur de soi une émotion. C’est quelque chose qui est très fort de le symboliser et le matérialiser. Cela permet souvent aussi de prendre un peu de recul.

J’ai aussi envie d’apporter aux parents un soutien logistique en les accompagnant à préparer l’espace du bébé. Parfois en fin de grossesse, on est débordé. L’espace de bébé n’est pas prêt, et quand le coparent travaille, cela peut être compliqué de terminer ce projet sereinement. Je peux venir avec mes outils ! J’ai un côté un peu Mc Gyver, je sais faire des trous dans du placo proprement, je sais installer des chevilles ou une tringle à rideaux. Les notices des meubles ne me font pas peur et j’adore agencer les espaces, aider à faire du tri!!!

Globalement, j’ai envie d’accompagner les parents pour qu’iels se fassent confiance dans ces passages de vie. J’ai envie qu’iels se sentent totalement libres en ma présence. Je souhaite les accompagner à construire leur souveraineté, afin qu’iels fassent les choix qui leur correspond.

Exerces-tu le métier de doula à temps plein ?

Je suis en démarrage d’activité depuis la fin de l’année 2021.

Je suis persuadée qu’on peut en vivre si on a une diversité d’activités et une plus value à apporter. Je pense que mon activité va être un équilibre entre la vente de mes créations, les accompagnements, les moments créatifs et les autres services que je propose.

J’ai hâte de pouvoir proposer des stages, et des retraites pour aller explorer sa créativité pendant sa grossesse.

Peux-tu me raconter quelque chose d’incroyable qui t’es arrivé en tant que doula ?

C’était il y a un moment déjà. J’étais avec ma mère et mon frère à Décathlon à Lyon pour faire quelques courses. Soudain, mon frère vient me voir en panique. Il était tout blanc et me dit “Une femme accouche !!! Elle n’est pas bien du tout !”. Elle n’était pas en train d’accoucher, mais en effet, elle n’était pas bien.

J’ai pris le temps avec elle de discuter avec elle pour savoir ce qu’il se passait. Elle m’a dit qu’elle avait mal au dos et n’en pouvait plus, que cela faisait trois mois qu’elle dormait mal. J’ai fait de l’écoute active à Décathlon !!! Ça a duré dix minutes, un quart d’heure. J’ai accueilli ses émotions et je les ai vraiment entendues. Je lui ai dit que c’était ok d’aller se faire masser. Sa sage-femme lui avait fait peur des effets potentiels d’un massage durant sa grossesse, et elle ne s’était par conséquent pas autorisée à aller voir un osthéo ou à reçevoir un massage.

Près de 2 ans après, de manière totalement inattendue, j’ai reçu un message : “Bonjour je suis madame X, j’ai réussi à vous retrouver ! J’ai souvent pensé à vous et j’avais cherché à vous remercier parce que vous avez été là quand ça n’allait pas, et qu’à ce moment-là, vous m’avez écoutée.” avec une photo de son enfant qui avait déjà un an et demi.

C’était dingue de me rendre compte qu’avec une vraie présence durant quinze minutes, cela peut faire du bien. Cela ne change pas leur vie, cela ne diminue pas la douleur, mais c’est un beau cadeau. Je suis heureuse de pouvoir apporter cela. Ce petit plus qui fait que tout à coup, au milieu de la tempête, tu aperçois les rayons du soleil à travers les nuages.

Vous avez envie de découvrir l’accompagnement que vous propose Aude, vous pouvez découvrir son site : https://www.au-doula-des-apparences.fr

Lydie, Faire confiance en son instinct

Lydie, Faire confiance en son instinct

Dans cette série d’articles, je vous propose de découvrir les doulas, avec leurs points communs et leurs différences, leurs histoires et leurs valeurs. Convaincue qu’il existe une doula pour chaque famille, j’ai eu envie d’interviewer mes consoeurs pour qu’elles décrivent à leur manière leur métier de doula. Je vois ce métier comme un métier coloré : chaque doula a, à mes yeux, sa propre couleur, sa propre manière d’exercer. Ces articles seront une occasion pour vous de découvrir les portraits de ces femmes incroyables qui se mettent au service des familles pour les accompagner dans leurs questionnements et leur vie.

Yanick, doula

Aujourd’hui, je vous présente Lydie, doula dans la Loire (entre Saint-Etienne et Saint-Anthème). Nous nous sommes rencontrées durant ma formation au Centre Galanthis. Après avoir eu la chance de cheminer à ses côtés, je suis heureuse de vous présenter aujourd’hui sa couleur de doula !

Qu’est-ce qui t’a poussé à devenir doula ?

Depuis toute petite, j’ai été attirée par le monde des bébés. J’ai toujours été intriguée, attirée comme un aimant dès que je voyais un bébé, j’avais envie de me mettre au-dessus du berceau et de l’observer. Au collège, en troisième, j’ai démandé au CIO (Centre d’Information et d’Orientation) des renseignements pour faire le métier d’auxiliaire puéricultrice. La personne que j’ai rencontrée à l’époque m’avait répondu que c’était possible, mais qu’il fallait que je sois prête à être aussi confrontée à la mort, aux personnes âgées. A 15 ans, je ne comprenais pas ce que cela venait faire là-dedans, je faisais totalement confiance à cette conseillère, et ses paroles m’ont rebutée. Je me suis dit que je n’étais pas prête à le faire aujourd’hui, et j’ai donc envoyé fait une demande dans d’autres types d’écoles.

Et pourtant, tu n’es pas arrivée directement à un métier en lien avec la périnatalité ?

J’ai commencé par des études dans une filière “métiers de la mode et industries connexes”. J’avais toujours en tête cette idée d’auxiliaire puéricultrice, mais on m’a dit qu’il valait mieux attendre de passer le bac pour me réorienter. Donc j’ai passé mon bac et l’ai obtenu malgré tout avec mention.

J’ai poursuivi par de la vente dans divers domaines, parce qu’il fallait que je travaille. Ce métier de vente m’a complètement déboussolée, en particulier mon dernier emploi j’étais vraiment rabaissée en tant que vendeuse, et non respectée par les clients.C’est là que j’ai décidé qu’il me fallait trouver un moyen d’accéder à la formation d’auxiliaire puéricultrice.

J’ai passé deux années dans un contrat particulier en tant qu’assistante d’éducation. J’ai adoré être en contact de ces jeunes, qui étaient bien souvent en difficulté. Ces deux années m’ont permis d’obtenir mon financement et d’entrer en 2009 à l’école d’auxiliaires puéricultrices de Saint-Etienne. Un an plus tard, je travaillais en tant qu’auxiliaire en crèche.

Peu après, je suis tombée enceinte. Cette période a été très mouvementée pour moi. En milieu de grossesse, j’ai été hospitalisée et alitée plusieurs fois pour menace d’accouchement prématuré notamment. On m’a même donné un traitement pour faire maturer les poumons de mon bébé à venir. Ces hospitalisations à répétition étaient des moments très difficiles pour moi, car je ne voyais que très peu de monde. Je suis quelqu’un d’assez réservé alors j‘avais beaucoup de mal à poser mes questions au corps médical de peur d’être jugée, ou de poser les mauvaises questions. Et, je sentais que l’équipe médicale n’avait pas le temps pour ça.

Toutes les difficultés que j’ai rencontrées avec mon aîné m’ont permis de me renseigner et de savoir ce que je voulais ou non pour ma deuxième grossesse.

Tu as souhaité prendre le temps pour trouver vraiment ta voie ?

Après mes enfants ont grandi. On a décidé de partir en voyage en Espagne sur les traces de ma famille. C’est pendant ce voyage que je me suis dit qu’il fallait absolument que je trouve le métier que je voulais faire. Autour de moi, je voyais des femmes enceintes, des femmes qui allaitaient, des infrastructures adaptées, ce qu’on ne voyait pas en France.

Je me suis souvenue de tout ce que j’avais vécu pendant mes grossesses, pendant mes accouchements les naissances, le post-partum et du coup je me suis aussi rendue compte que dès que je voyais sur une femme enceinte, le monde pouvait s’arrêter autour de moi : j’étais en totale admiration pour ces femmes qui étaient en train de porter la vie. J’avais envie de les choyer. J’ai su comme ça qu’il fallait que je fasse quelque chose auprès des mères, auprès des femmes enceintes. Je voulais les informer, être là pour elles, même si je ne savais pas véritablement de quelle manière.

J’avais brièvement entendu parler du métier de doula durant mon année de ma formation d’auxiliaire puéricultrice, mais je ne savais pas ce que c’était réellement. Au retour de notre voyage j’ai pris davantage d’informations sur les métiers qui étaient en lien avec les femmes enceintes.

Une personne m’a parlé du Centre Galanthis et du métier de doula. J’ai pris les informations, j’ai appelé la directrice et j’ai été conquise. Donc j’ai envoyé mon dossier pour intégrer la formation. Un signe du destin peut-être… mais j’ai reçu mon acceptation à la formation le jour de la Saint Patrick. J’ai pris cela comme un signe envoyé par mon oncle décédé. Je me suis dit : “C’est bien cela qu’il faut que je fasse !” Je suis ravie d’avoir d’avoir intégré le centre Galanthis et cela été un bonheur pour moi de suivre cette formation !

Tu as vécu deux expériences de naissance complètement différentes. Comment ont-elles façonné ton métier de doula ?

Durant ma première grossesse, lors de mon échographie du 3ème trimestre, on m’a indiqué que je devrais faire une amniocenthèse à cause d’un surplus de liquide amniotique. J’étais extrêmement inquiète que celle-ci provoque le tant redouté accouchement prématuré pour lequel j’avais été alitée plusieurs fois. Emotionnellement, je suis passée par des moments de doutes, de pleurs et c’est alors que j’ai commencé à écouter mon corps. Je ne ressentais rien de négatif en moi. Je sentais que mon bébé allait bien. Le lendemain, j’avais rendez-vous avec mon gynécologue. Il a été rassurant. Il avait déjà remarqué ce surplus, mais n’avait pas voulu m’inquiéter pour quelque chose qui ne devrait pas. Il m’a confirmé que cette amniocenthèse n’aurait d’ailleurs pas forcément les bénéfices escomptés. J’ai pu faire mon choix.

J’ai plus tard appris le décès totalement inattendu de mon oncle Patrick, que je considérais comme mon deuxième papa. Il s’était occupé de moi durant toute mon enfance après l’école. C’était extrêmement douloureux de le perdre à ce moment de ma vie. Et lorsque je pleurais, les contractions reprenaient… Je refusais d’accoucher à ce moment-là. Et je n’ai rien lâché jusqu’à mon accouchement, un mois plus tard.

J’ai finalement eu un accouchement merveilleux, tout s’est bien déroulé, rapidement, avec peu de douleur grâce à la péridurale. Je crois que je n’avais pas besoin d’en avoir plus que ce que j’avais déjà vécu à ce moment-là. Je n’aurais pas été capable d’accoucher sans péridurale.

Je tenais ensuite à allaiter, mais mon fils n’arrivait pas à prendre le sein. On m’a proposé des bouts de seins qui sont restés. J’ai connu des difficultés sans nom à cause des divers conseils que l’on a pu me prodiguer, comme réveiller mon fils toutes les trois heures pour lui donner un biberon de mon lait. J’ai tiré mon lait pendant 2 mois, mais cela ne prenait pas. Avec tristesse, j’ai fini par lâcher puisque je m’épuisais la nuit pour pouvoir tirer mon lait afin que mon fils reçoive uniquement mon lait, et je m’enfonçais dans la difficulté maternelle. Sur le coup, je n’ai pas demandé d’aide, je disais que tout allait bien puisque j’avais appris à idéaliser la maternité. J’ai fait très difficilement le deuil de mon oncle à la naissance de mon fils. Je n’avais pu déverser mes larmes pendant la fin de ma grossesse, elles se sont déversées à la naissance de mon fils. J’ai tenu le coup, et j’ai laissé les choses se faire voilà sans jamais en parler. Autour de moi je ne voyais pas à qui en parler.  Je n’avais pas autour de moi  l’expérience d’une maman ou d’une femme qui connaissent tout ça et qui pouvait m’aider à mettre des mots sur ce que je vivais.

Puis, j’ai été enceinte de mon deuxième enfant. Après une première menace d’accouchement prématurée, je suis très vite allée voir un naturopathe qui m’a conseillé de la gemmothérapie. J’ai pu terminer ma grossesse, en faisant très attention, mais sans plus être alitée. Cette grossesse s’est beaucoup mieux passée !

Et j’ai connu une naissance express ! Et pourtant, j’avais très peur de l’accouchement, entre autres à cause d’une histoire familiale difficile, et des représentations douloureuses que j’en avais. Je n’imaginais pas une seule seconde accoucher sans péridurale… Un matin, je sentais moins bouger mon bébé. Je demande à ma mère de garder mon aîné pour aller à la maternité, en lui disant que je reviens peu après.

J’arrive à la maternité, on m’annonce que je vais accoucher aujourd’hui, que mon col commençait à s’ouvrir. J’appelle mon mari vers 11h45, il est arrivé à 13h15. On nous installe en chambre, et d’un seul coup, je ressens des douleurs atroces.

C’était le début des vraies contractions. J’ai pris mon homéopathie, j’ai attendu une trentaine de minutes. J’ai demandé plusieurs fois à ce qu’on appelle l’anesthésiste, car cela devenait vraiment douloureux et que je refusais d’accoucher sans péridurale. Je n’étais pas assez dilatée, mais j’étais tellement insistante qu’elles m’ont installée en salle de naissance.

Il y a eu un moment où je me sentais vraiment mal, et j’ai dit à mon mari qu’il fallait que je me couche sur le côté. Tout à coup, j’ai dit à mon mari que ça poussait. La tête était sortie. Mon mari ne savait plus quoi faire ! La sage-femme arrive en panique et dit que c’était la poche des eaux. Elle appelle une collègue et me demande de me mettre sur le dos, mais ce n’était pas possible pour moi !

L’anesthésiste est arrivé à ce moment là. Je crois l’avoir tellement fusillé du regard, qu’il est reparti sans rien dire. Ensuite, je crois que mon cerveau a disjoncté et je ne me souviens plus de tout tant la douleur était intense. Je demandais à ce qu’on le fasse sortir, et on me répondait qu’il arrivait.

Soulagement total lorsque deux heures après les premières contractions, j’ai pu aller attraper mon bébé et le serrer contre moi. J’ai revécu la naissance de mon deuxième en formation au Centre Galanthis par la suite, et j’ai compris les étapes par lesquelles j’étais passée… Mais ce jour-là, tout a semblé complètement fou.

L’auxiliaire puéricultrice est venue vers moi pour me demander si je voulais de l’aide pour allaiter. J’ai répondu “non, non, il sait faire”, et cela a été le déclic pour moi de me dire je fais confiance à mon fils. Depuis ce jour là, j’ai fait confiance à mes deux enfants en me disant qu’ils savaient ce qui était bon pour eux et que s’ils ne mangent pas c’est qu’ils ont leurs raisons. J’ai laissé mon bébé fouiner jusqu’à mon sein comme j’avais vu la vidéo de mes rêves une semaine avant. Et mon allaitement de rêve a duré presque cinq ans.

Ton parcours de formation ?

J’ai suivi le cursus complet proposé par le Centre Galanthis. Cela m’a apporté énormément de richesse sur la posture que je souhaite adopter, beaucoup d’outils. Elle m’a aidé à prendre confiance en moi et en mes capacités. Cela m’a aussi permis de comprendre que j’étais déjà doula depuis quelques temps. J’ai ressenti après la formation de la légitimité vis-à-vis de ce que je savais déja.

J’ai ensuite acquis plusieurs autres outils complémentaires dans ma mallette de doula. Je me forme auprès de Céline Grisoni, A Corps d’elles pour créer des ateliers de danse prénatale et de danse portage afin d’ajouter du lien entre futures mamans et mamans, et se sentir bien dans son corps et dans sa tête.

J’ai fait une petite formation d’hypnose pour permettre aux femmes d’avoir des outils de relaxation et pour pouvoir les apaiser vis-à-vis des craintes qu’elle pourraient avoir.

Je suis très intéressée par tout ce qui touche à la santé environnementale, l’alimentation.

Qu’est-ce que ton métier de doula a eu comme retombées sur ta maternité ?

Ma formation de doula m’a apporté beaucoup de compréhension sur tout ce que j’ai vécu et notamment tout le processus physiologiques de ma deuxième naissance. Cela m’aide à plus prendre soin de moi et de mes besoin.

C’est quoi ta couleur de doula ?

Couleur de l’arc-en-ciel ! Et j’ai envie de mettre des paillettes ! C’est pas une question facile ! Je suis une personne très ouverte d’esprit. Je pense que cela me permet d’accompagner de nombreuses familles aux croyances variées. Je garde quand même bien les pieds sur terre mais mais je crois aussi aux signes de la vie, parce qu’ils ont été évidents.

J’ai l’impression d’être un peu comme un caméléon qui peut s’adapter aux différentes situations. Je suis mon instinct et je m’adapte.

Que proposes-tu en tant que doula ?

De l’amour de l’amour de l’amour !

J’ai envie d’être au service des mamans, mais aussi des coparents. C’est important pour moi que chacun trouve sa place au sein de la famille. Que peut dire le coparent ? Que peut-il faire pour soulager la maman ?

Je propose un accompagnement de la grossesse à l’accouchement, jusqu’à l’après et le post-partum.

Je propose des ateliers de danse prénatale et de danse portage. J’utilise dans mes accompagnements des outils de relaxation (comme l’hypnose).

Exerces-tu le métier de doula à temps plein ?

Le métier de doula et ma casquette de maman m’occupent entièrement 😊

Une anecdote incroyable qui t’es arrivée en tant que doula ?

Ma prof d’espagnol m’a demandé d’être sa doula. Je trouve ça drôle, car je l’accompagne en tant que doula, et elle m’enseigne l’espagnol. On va peut-être tenter d’échanger en espagnol durant l’accompagnement ! Cela m’aidera à améliorer mon langage médical autour de la maternité. C’est un bel échange de services !

Vous avez envie de découvrir l’accompagnement que vous propose Lydie, vous pouvez découvrir son site : lydiedoula.wixsite.com/monsite

Déborah, doula aux mains de fée

Déborah, doula aux mains de fée

Déborah, doula aux mains de fée

Bonjour à tou.te.s,

Dans cette série d’articles, je vous propose de découvrir les doulas, avec leurs points communs et leurs différences, leurs histoires et leurs valeurs. Convaincue qu’il existe une doula pour chaque famille, j’ai eu envie d’interviewer mes consoeurs pour qu’elles décrivent à leur manière leur métier de doula. Je vois ce métier comme un métier coloré : chaque doula a, à mes yeux, sa propre couleur, sa propre manière d’exercer. Ces articles seront une occasion pour vous de découvrir les portraits de ces femmes incroyables qui se mettent au service des familles pour les accompagner dans leurs questionnements et leur vie.

Aujourd’hui, je vous présente Déborah, doula en région lyonnaise depuis 2019. Déborah est une doula bien particulière à mes yeux, et pour cause, elle nous a accompagné mon homme et moi avec toute sa douceur lors de ma dernière grossesse. Alors c’est un grand plaisir pour moi de la mettre à l’honneur ici.

Yanick, doula

Comment es-tu devenue doula ?

Au début ni mon conjoint ni moi ne voulions d’enfant. Et puis de fil en aiguille, on a évolué ensemble vers l’idée d’avoir peut-être un ou des enfants. Après un parcours PMA, j’ai été enceinte. Cela a coïncidé avec un gros questionnement sur ma vie professionnelle, mes aspirations, ce que j’aimais et ce que je n’aimais pas. Pendant ma grossesse, j’ai fait la connaissance également d’une association de soutien à la périnatalité et la parentalité à Lyon (NDLR : La Cause des Parents). Mais j’ai fait des choix assez classiques durant la grossesse et pour la naissance de mon premier enfant.

 En tant que féministe, je me suis également impliquée dans le Collectif des Café Physio, qui soutient la liberté pour les femmes de choisir leur accouchement.

J’avais vraiment peu confiance en moi et aucune de mes amies qui avait eu des enfants avant moi n’avaient fait de choix alternatif. Je commençais à percevoir que d’autres choses étaient possibles (notamment via l’association La Cause des Parents) mais je n’étais pas encore sûre que des personnes comme moi pouvaient en bénéficier… Et chose un peu folle pour moi qui avais travaillé toute ma vie, j’ai pris un congé parental, car je ne me voyais pas retourner directement à mon travail.

J’ai construit mon village

Et là, j’ai vraiment fait la connaissance de la parentalité, d’un village, du soutien de parents qui étaient devenus parents avant moi ou au même moment… Je me suis retrouvée accueillie telle que j’étais, avec ma sensibilité, sans jugement et je n’avais plus besoin de porter de masque.

Puis, je suis retournée travailler un moment et je me suis surtout beaucoup engagée à La Cause des Parents. Et j’ai été enceinte une seconde fois via la PMA. Cette fois c’était très différent. Avant même d’être enceinte j’avais déjà rencontré plusieurs sages femmes qui pratiquent l’accompagnement global. Et je n’imaginais absolument pas être accompagnée autrement que comme ça. Je voulais pouvoir choisir cette fois-ci les personnes qui allaient m’entourer.

Et j’ai été accompagnée par des doulas pendant ma seconde grossesse. Pendant le premier trimestre après une première rencontre avec le sage-femme qui m’accompagnait, c’était les vacances et j’avais vraiment besoin de pouvoir parler de ma grossesse. J’ai rencontré à ce moment-làune femme très chouette qui s’appelait Yanick

Puis à mon “cinquième trimestre”, j’ai rencontré une autre doula, Elise (la reine de la plume). J’avais besoin énormément de reparler encore et encore, de raconter la naissance de mon enfant et d’en écrire le récit. C’était l’objet de cet accompagnement.

J’ai touché du doigt ce que c’était de pouvoir être à 100% actrice dans mon enfantement et d’offrir une naissance respectée à mon bébé.

Vers de nouveaux questionnements

Au dernier rendez-vous avec Elise, j’ai osé lui dire que j’avais l’impression que je voulais être doula, mais que je ne me sentais pas du tout légitime… Elle m’a aidé à mettre en forme mes idées pour écrire mon “chemin de vie” (NDLR : formalité demandée pour s’inscrire à certains cursus, notamment celui de l’Institut de Formation Doulas de France)

Assez rapidement, j’ai posé des questions à des doulas que je connaissais. Elles avaient toutes suivi des formations différentes. Moi je cherchais une formation en présentiel, d’une année, et avec les mêmes personnes. Alors celle de l’Institut des Doulas de France m’attirait particulièrement. Et les dates d’ouverture coïncidaient. J’ai sauté le pas grâce à mon conjoint qui croyait en moi bien plus que moi. Il a fait tout ce qu’il fallait pour me soutenir dans cette démarche alors que nos enfants étaient encore très jeunes.

Comment t’es-tu formée au métier de doula ?

La formation commençait en janvier 2019 et mon plus jeune avait alors 9 mois… C’était vraiment un défi pour toute la famille pour que je puisse suivre cette formation. Cette période a été exaltante. J’ai rencontré 19 autres femmes et 2 formatrices et je me suis sentie à la fois pas légitime et complètement à ma place.

J’avais eu la chance d’être complètement entourée par un village pour mon deuxième enfantement, et d’être actrice pleinement après 2 parcours PMA où j’avais été passive et prise en charge. J’ai compris que mon rôle était d’informer les femmes et les couples afin qu’ils puissent être pleinement acteurs de leur parcours, faire des choix éclairés et être respectés pendant leurs suivis médicaux.

En fin de cursus, avec 3 autres doulas de ma promotion, nous avons choisi de présenter un travail de fin d’étude sur le sujet de la conception d’un enfant dans un couple d’hommes ou de femmes. J’ai vraiment à coeur d’être une alliée et d’être présente pour toutes les familles quelles qu’elles soient.

J’ai terminé ma formation fin 2019 et je pensais ensuite me lancer. J’ai reçu la transmission du soin rebozo par Maria Libera deux semaines avant que la crise sanitaire n’éclate et qu’on ne puisse plus rien faire. Dans ma formation de doula, l’outil principal, que j’avais perfectionné, était l’écoute active. Il manquait à mes yeux une dimension autour du corps, celle du toucher. Cette transmission des soins rebozo m’a donc aidé à compléter ma formation avec un réel accompagnement par le corps.

J’avais accompagné plusieurs amies officieusement durant ma formation. Et en juillet 2020, j’ai eu mon premier rendez-vous officiel de doula, et ça a été quelque chose d’assez impressionnant pour moi. Et petit à petit je me suis lancée… j’accompagne aujourd’hui des femmes, des couples et des familles.

Tu continues de te former ?

J’ai suivi la formation Accouchement entre science et sacré par Karine Langlois de Quantik Mama en présentiel. C’est important pour moi de suivre mes formations en présentiel.

J’ai tout récemment vécu une immersion autour de l’accompagnement au deuil périnatal avec l’association Couleur Plume. Cela me tient à coeur d’accompagner des familles qui traversent des deuils. J’ai l’impression qu’en 2019 cela me faisait peur et puis les choses sont venues à moi, car j’ai accompagné plusieurs femmes pendant des soins rebozo suite à la perte d’un enfant et j’ai l’impression que c’est quelque chose qui m’appelle.

Je vais prochainement me former au massage pour femme enceinte. C’est encore une fois la dimension du toucher qui me tient à coeur. Je ressens le besoin de me former pour cet accompagnement du corps qui n’est pas inné chez moi. Je veux également accompagner les femmes enceintes par le toucher. Je choisis toujours mes formations de façon très soigneuse, à mon rythme. L’important pour moi est de ne pas simplement choisir une formation où l’on apprend un protocole, mais centrée autour de l’humain et de la relation.

Auprès de l’association Galactée, je me forme en continu, pour accompagner les familles autour de l’allaitement. de façon bénévole. Je souhaite apporter un soutien de mère à mère sur ce sujet pour lequel je me suis vraiment sentie seule et peu informée.

En lien avec les sages-femmes

Je travaille au quotidien avec des sages-femmes et j’aime vraiment cette complémentarité. J’ai la chance dans mon environnement d’avoir rencontré des sages-femmes exceptionnelles qui sont à l’écoute des femmes et apprécient les doulas.    

 

Qu’est-ce que ta maternité t’apporte en tant que doula ?

Le fait d’avoir eu des enfants me permet de me sentir plus humble et authentique.Le quotidien avec deux jeunes enfants c’est un sacré parcours et j’expérimente au quotidien quand un jour quelque chose fonctionne avec mon enfant et puis le lendemain plus du tout. J’ai la chance d’avoir vécu 2 grossesses et 2 accompagnements très différents. Je le vis comme une richesse.

Pour moi, la doula accompagne chaque couple, chaque famille, chaque femme selon leurs valeurs et quels que soient leurs choix. Qu’elle ait envie d’un accouchement à domicile, d’une césarienne programmée ou tout ce qui existe entre les deux et est possible.

Il y a une dimension importante autour de la PMA aussi. Je le vois aussi dans mes accompagnements, la PMA représente un parcours extrêmement paternaliste avec une “prise en charge” et si peu de possibilité d’être acteur. C’est un tourbillon dans les vies de ces personnes et je pense qu’il y a un gros travail pour que ces parcours se passent de manière plus respectée.

Qu’est-ce que ton métier de doula apporte à ta casquette de maman ?

J’exerce un métier que j’aime infiniment, je me nourris de rencontres humaines et magnifiques à chaque fois. Mes enfants ont la chance d’avoir une maman qui est passionnée par son travail et qui va travailler en étant heureuse. J’aime beaucoup leur montrer que c’est possible de faire un choix professionnel épanouissant et dans lequel je me sens pleinement à ma place.

Quelle est ta couleur de doula ?

Pour la petite anecdote, pendant que je lançais mon activité de doula, j’ai commencé assez rapidement à réfléchir à un logo, aux couleurs de mon identité visuelle… J’étais partie billes en tête vers des couleurs que j’aimais beaucoup. N’étant pas sûre de moi, j’ai demandé leurs avis à quelques amies. L’une d’entre elles m’a répondu qu’elle trouvait ces couleurs très jolies, mais qu’elle ne m’y reconnaissait pas. J’ai compris que ces couleurs étaient froides et ne véhiculaient pas la chaleur des accompagnements que je proposais.

C’est compliqué d’être soi, d’être authentique, d’afficher sa singularité et de ne pas reprendre ce qui se fait déjà chez d’autres doulas.

On me définit comme une personne douce, j’ai un grand besoin de douceur et j’aime beaucoup en apporter autour de moi. Il y a une notion d’empowerment (ou d’empouvoirement ;p) qui est très importante à mes yeux. Il me semble nécessaire de rappeler aux personnes que j’accompagne toutes leurs qualités, leurs connaissances en tant que parent de leur enfant, que ce sont eux les experts de leur enfant.

Exerces-tu le métier de doula à plein temps ?

Auparavant, j’étais fonctionnaire. J’avais vraiment un fort besoin d’une sécurité de l’emploi. C’est encore un peu compliqué d’ailleurs pour moi de me dire que je suis doula, entrepreneure.

J’ai eu une opportunité de pouvoir travailler à mi-temps au sein de La Cause des Parents au moment où j’ai lancé mon activité de doula. Cela a duré 13 mois. J’ai travaillé deux jours par semaine pour l’association et deux jours par semaine en tant que doula. Les autres jours, j’étais maman.

Maintenant je suis dans le grand bain, doula à plein temps. Je n’ai à ce jour pas créé d’entreprise. J’exerce le métier de doula en étant rémunérée en CESU (Chèque Emploi Service Universel) par les particuliers que j’accompagne.

Que proposes-tu comme accompagnements ?

J’ai besoin que les femmes, les couples et les familles puissent se sentir complètement libre de choisir toutes les personnes qui gravitent autour d’eux à l’occasion d’un projet grossesse, d’une grossesse ou d’une naissance etc.

Moi, je peux être là dès le désir d’enfants. Je peux accompagner des personnes pendant leur grossesse, être présente le jour de la naissance, en structure hospitalière (si l’établissement est ok) ou à domicile (sous réserve de la présence d’une sage-femme). Je peux aussi être présente durant toute la période du postnatal.

J’accompagne également les personnes dans d’autres circonstances notamment autour du deuil périnatal, une IVG, une IMG etc.

Les personnes peuvent me rencontrer une ou plusieurs fois, de la durée de leur choix, avec le nombre de rencontres qui leur convient. Je leur donne les informations dont ils ont besoin sans précéder leurs demandes, afin qu’ils puissent faire eux-mêmes leurs propres choix quels qu’ils soient.

Je propose également des fêtes de célébration de la femme : mama blessing en fin de grossesse pour que la femme puisse recevoir plein d’amour, de force et de puissance de la part de ses proches en vue de son enfantement mais aussi à d’autres moments de la vie, comme la fin d’un allaitement, un anniversaire ou à l’occasion de la ménopause).

Je facilite des tentes rouges, cercles de femmes où l’on est dans le moment présent, afin que chaque femme puisse déposer ce qu’elles souhaite dans un espace intime de bienveillance et de non jugement.

En binôme, je propose également des soins rebozo souvent en postpartum (mais aussi à d’autres moments où la femme a besoin de prendre soin d’elle, un changement personnel ou professionnel)

Où exerces-tu ton métier de doula ?

Je suis doula à Lyon, et j’ai la particularité de me déplacer à vélo ou en transports en commun. Mon secteur, c’est donc là où je peux me rendre avec ces moyens de transports !

Une anecdote incroyable de ta vie de doula ?

Souvent, des personnes font le choix d’annoncer leur grossesse au bout de trois mois ou après l’échographie du premier trimestre. Du coup, la famille ou les amis suivent la grossesse sur six mois.

Il m’est arrivé d’être la troisième personne à être au courant de la grossesse d’une personne, juste après son conjoint et sa sage-femme. Je me suis dit “Whaouh, quelle confiance ! C’est que je suis doula !”

Vous avez envie de découvrir l’accompagnement que vous propose Déborah, vous pouvez découvrir son site : deborahdoula.com

Diane, doula à Lyon Est

Rencontrons-nous ! Je suis doula et j’accompagne les futurs et jeunes parents à créer la parentalité qui leur ressemble le plus simplement..
J’interviens notamment à Décines, Vaulx-en-Velin, Meyzieu, Villeurbanne, Lyon, Bron, Genas, Vénissieux, Rhône.

Yanick, tisseuse de liens

Bonjour à tous,

J’inaugure ce blog avec une série de portraits. J’avais envie de vous faire découvrir les doulas d’une autre manière, en leur donnant directement la parole.

Dans cette série d’articles, je vous propose de découvrir les doulas, avec leurs points communs et leurs différences, leurs histoires et leurs valeurs. Convaincue qu’il existe une doula pour chaque famille, j’ai eu envie d’interviewer mes consoeurs pour qu’elles décrivent à leur manière leur métier de doula. Je vois ce métier comme un métier coloré : chaque doula a, à mes yeux, sa propre couleur, sa propre manière d’exercer. Ces articles seront une occasion pour vous de découvrir les portraits de ces femmes incroyables qui se mettent au service des familles pour les accompagner dans leurs questionnements et leur vie.

Yanick, doula

Crédit photo : Hélène Rock

Aujourd’hui, je vous présente Yanick, doula en région lyonnaise depuis 2004. J’ai ressenti beaucoup d’émotion en l’interviewant… Et pour cause, si j’ai découvert le monde des doulas, c’est grâce à elle ! Voici son témoignage. Bonne lecture ! Et un grand merci à toi Yanick !

Comment as-tu découvert le monde les doulas ?

Lors de ma première grossesse en 2001, je me suis inscrite sur un forum de soutien entre jeunes et futures mamans. C’est là que j’ai rencontré un groupe de filles fabuleuses. Nous nous soutenions, répondions aux interrogations et doutes des membres du forum. Un jour en 2004, j’ai vu une pub pour Doulas de France sur ce forum. Je me suis dit que c’était chouette. Avec d’autres filles on trouvait ça vraiment génial parce que forcément on était en fait dans l’accompagnement nous aussi depuis un bout de temps. Bref je vais faire un tour sur ce site (doulas.info) et je continue ma vie.

Quelques jours après on part en balade avec mon mari, et il me dit : Tiens, j’ai un collègue qui vient de mettre en ligne un site internet. Il faut que tu ailles voir, c’est exactement ce que tu fais ! En effet, depuis des années sur le forum on s’est soutenues entre futures mamans et je crois que j’ai appris une certaine manière d’être doula auprès de certaines filles du forum qui avaient une posture très écoutante au travers de leurs messages et qui prenaient toujours le temps d’écrire un petit mot sympa pour chacune d’entre nous, qui prenaient soin du groupe et de chaque personne. Bref, mon mari me dit ça et je retourne sur doulas.info… et je suis tombée dans la marmite. J’ai appris plus tard que ce collègue était un cousin de Charlotte Marchandise, cofondatrice de Doulas de France et que c’est pour cela qu’il avait hébergé leur site.

Nous étions fin 2004, et on était deux copines sur Lyon à être très intéressée par ce métier de doula. En mai 2005, on est allées toutes les deux assister aux 3èmes Journées Des Doulas, on faisait également partie des listes Yahoo de doulas et futures doulas. Ce qui m’a donné envie de devenir doula, c’est quand je les ai rencontrées : j’ai été accueillie à bras ouverts et en toute confiance par Charlotte. Elle ne m’a pas demandé d’où je venais ni qui j’étais ! C’était juste : “Bonjour, bienvenue qui que tu sois, où que tu ailles ! 

Je lui avais posé la question de comment faire pour devenir doula. Je me souviens que sa réponse m’avait agacée 😋. Elle m’avait dit “Ça prend du temps“. Moi j’imaginais faire une école et qu’en quelques semaines ce soit fini. Mais il n’y avait pas d’école… Elle m’avait également dit : “Quand tu le sentiras, tu sauras que c’est le bon moment pour toi d’être doula.” Avec le recul, je sais qu’elle avait raison et c’est ce que je réponds aujourd’hui encore quand on me pose la question.

Comment t’es-tu formée au métier de doula ?

Par rapport aux formations qui sont proposées classiquement aujourd’hui, j’ai fait les choses un peu à l’envers. J’avais fait un stage Vivre en famille avec Catherine Dumonteil-Kremer sur l’écoute active, et assisté au séminaire Paramanadoula de Michel Odent. J’ai été quotidiennement en contact de femmes qui exerçaient déjà le métier de doula. Elles m’ont transmis leur savoir-être, leur savoir-faire de par leurs témoignages. Pour moi, c’est la meilleure école. Si tout le monde pouvait avoir ça…

J’ai commencé ce métier alors que c’était encore les débuts des doulas en France. Il y avait une volonté de se regrouper, et toutes nos énergies étaient mobilisées sur la reconnaissance du métier, répondre aux courriers infernaux qu’on recevait, répondre aux attaques qu’on avait sans cesse et du coup mettre en place entre les doulas qui exerçaient le plus de choses possibles pour se faire reconnaître. Il y avait des vrais débats et réflexions entre doulas qui exerçaient déjà, qui s’étaient formées en France, ou à l’étranger.

J’ai été témoin de la création d’une base solide :

  •  Réfléchir sur le cadre légal
  • Créer une charte d’exercice qui rassure les professionnels avant tout, mais aussi les parents, et qui définisse autant que possible le cadre du métier des doulas

L’étape nécessaire ensuite pour faire reconnaître ce métier était de créer une formation, parce que la manière dont j’ai pu être formée c’est très chouette, mais c’est impossible pour tout le monde et encore moins dans le système français, où la formation est perçue comme incontournable. Avec toutes les doulas qui le souhaitaient, nous avons donc dû réfléchir à un cursus de base, un socle de compétences communes qui serait minimum pour devenir doula. On a cherché un organisme de formation qui puisse le proposer. On était en contact avec un organisme mais la personne qui le tenait a déménagé à l’étranger. On s’est dit : “Ah mince tout notre projet tombe à l’eau… Qu’est ce qu’on fait ?” Et finalement, c’est de là qu’a été créé l’Institut de formation des Doulas de France en 2008. J’en ai été confondatrice en tant que trésorière. Puis j’ai suivi la formation en 2010. Cela faisait donc cinq ans que j’exerçais. J’ai suivi la formation parce que j’étais sur place. Je n’aurais pas eu besoin de tout suivre pour compléter le cursus de base, mais c’était important pour moi.

A tes yeux, ce métier nécessite-t-il une formation continue ?

Oui, un grand oui. Après mon cursus de base, j’ai suivi ensuite d’autres formations, par exemple auprès d’Isabelle Challut du Centre Pleine Lune, ou de l’association Couleur Plume. J’aime bien l’idée aussi d’aller voir ce qui se fait ailleurs. Cela me permet de faire évoluer ma posture de doula dans mes accompagnements. Je rencontre parfois des personnes qui affirment “J’ai fait une telle formation, et c’est la meilleure.” Je me demande combien elles en ont faites pour affirmer cela. Avec les différentes formations que j’ai faites (L’institut des Doulas de France, Isabelle Challut, Michel Odent, Galanthis), je perçois les défauts et qualités de chacune, et je trouve qu’il n’y en a pas de meilleure en fait. Tu trouveras certaines choses de géniales dans l’une, mais pas dans l’autre, et vice versa.

J’ai été présente à presque toutes les Journées Des Doulas, et je trouve que ça participe aussi à la formation continue. J’ai assisté à des conférences à La Cause des Parents par exemple, des séminaires sur des thèmes variés : Cyril Philippe qui détaillait les différentes étapes de l’accouchement, Chantal Birman qui racontait l’histoire des femmes en France, son militantisme pour le droit à l’avortement en particulier.

Quelle est ta couleur de doula ?

Ma couleur de doula,  je crois que c’est l’ouverture et la tolérance. Ça peut peut-être donner l’impression de d’enfoncer des portes ouvertes, mais je crois que c’est vraiment ce que je suis profondément. Ça vient de ma maman et de ma grand-mère aussi et de la manière dont on se dit bienvenue et on s’accueille dans notre famille, dont on est ouvert à l’autre.

Et depuis pas mal d’années ma couleur de doula, c’est d’être plutôt doula auprès des futures doulas, d’être dans le lien et la transmission. J’aime beaucoup être présente auprès des parents mais je crois que maintenant je préfère encore plus être doula auprès de futures doulas. Donc je dirais que ma couleur ce serait “faire du lien“.

Quels accompagnements proposes-tu en tant que doula ?

Je ne suis quasiment “que” doula. Je propose aussi des tentes rouges parfois, mais sinon mes rendez-vous sont toujours des rencontres individuelles et je n’ai pas tellement d’autres outils dans mon sac à dos de doula, si ce n’est ce goût pour les rituels qui entourent la naissance, le prénatal et le postnatal autour du monde, en France, à travers l’Histoire. Je propose des temps de relaxation où je peux parfois utiliser des rebozos. Mes rendez-vous de doula sont à 90% des moments où on parle et où on écoute avec des moments de relaxation.

Exerces-tu le métier de doula à plein temps ?

A côté de mon métier de doula, je développe des sites internet en tant qu’indépendante. J’ai assuré des formations pour apprendre à développer des site web aux web designers, et puis j’ai beaucoup, beaucoup d’engagements bénévoles que je réduis depuis deux ans. Je suis également formatrice au sein du Centre Galanthis.

Une anecdote incroyable de ta vie de doula ?

J’ai été présente lors d’une naissance en plateau technique où j’ai vu un bébé de 5kg800 sortir tout seul et sans aucune égratignure pour la maman… et je suis persuadée que ce bébé-là né entre d’autres mains que ceux de cette merveilleuse sage-femme n’aurait certainement pas été accueilli avec autant de douceur, il aurait sans doute senti les instruments ou la césarienne… Cette sage-femme d’expérience a su proposer à la maman des positions qui ont permis à son bébé de bien descendre et de s’engager correctement, elle a également été très réactive et attentive lors de l’expulsion. Elle m’a expliqué ensuite les gestes nécessaires qu’elle a dû effectuer à ce moment. Avec le recul je me sens chanceuse d’avoir été témoin de cette grande expertise, de son professionnalisme, le tout accompagné de douceur et d’un grand respect pour cette femme et son bébé. 

Vous avez envie de découvrir l’accompagnement que vous propose Yanick, vous pouvez découvrir son site : naissance.nayane.fr