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Dans cette série d’articles, je vous propose de découvrir les doulas, avec leurs points communs et leurs différences, leurs histoires et leurs valeurs. Convaincue qu’il existe une doula pour chaque famille, j’ai eu envie d’interviewer mes consoeurs pour qu’elles décrivent à leur manière leur métier de doula. Je vois ce métier comme un métier coloré : chaque doula a, à mes yeux, sa propre couleur, sa propre manière d’exercer. Ces articles seront une occasion pour vous de découvrir les portraits de ces femmes incroyables qui se mettent au service des familles pour les accompagner dans leurs questionnements et leur vie.

Yanick, doula

Aujourd’hui, je vous présente Lydie, doula dans la Loire (entre Saint-Etienne et Saint-Anthème). Nous nous sommes rencontrées durant ma formation au Centre Galanthis. Après avoir eu la chance de cheminer à ses côtés, je suis heureuse de vous présenter aujourd’hui sa couleur de doula !

Qu’est-ce qui t’a poussé à devenir doula ?

Depuis toute petite, j’ai été attirée par le monde des bébés. J’ai toujours été intriguée, attirée comme un aimant dès que je voyais un bébé, j’avais envie de me mettre au-dessus du berceau et de l’observer. Au collège, en troisième, j’ai démandé au CIO (Centre d’Information et d’Orientation) des renseignements pour faire le métier d’auxiliaire puéricultrice. La personne que j’ai rencontrée à l’époque m’avait répondu que c’était possible, mais qu’il fallait que je sois prête à être aussi confrontée à la mort, aux personnes âgées. A 15 ans, je ne comprenais pas ce que cela venait faire là-dedans, je faisais totalement confiance à cette conseillère, et ses paroles m’ont rebutée. Je me suis dit que je n’étais pas prête à le faire aujourd’hui, et j’ai donc envoyé fait une demande dans d’autres types d’écoles.

Et pourtant, tu n’es pas arrivée directement à un métier en lien avec la périnatalité ?

J’ai commencé par des études dans une filière “métiers de la mode et industries connexes”. J’avais toujours en tête cette idée d’auxiliaire puéricultrice, mais on m’a dit qu’il valait mieux attendre de passer le bac pour me réorienter. Donc j’ai passé mon bac et l’ai obtenu malgré tout avec mention.

J’ai poursuivi par de la vente dans divers domaines, parce qu’il fallait que je travaille. Ce métier de vente m’a complètement déboussolée, en particulier mon dernier emploi j’étais vraiment rabaissée en tant que vendeuse, et non respectée par les clients.C’est là que j’ai décidé qu’il me fallait trouver un moyen d’accéder à la formation d’auxiliaire puéricultrice.

J’ai passé deux années dans un contrat particulier en tant qu’assistante d’éducation. J’ai adoré être en contact de ces jeunes, qui étaient bien souvent en difficulté. Ces deux années m’ont permis d’obtenir mon financement et d’entrer en 2009 à l’école d’auxiliaires puéricultrices de Saint-Etienne. Un an plus tard, je travaillais en tant qu’auxiliaire en crèche.

Peu après, je suis tombée enceinte. Cette période a été très mouvementée pour moi. En milieu de grossesse, j’ai été hospitalisée et alitée plusieurs fois pour menace d’accouchement prématuré notamment. On m’a même donné un traitement pour faire maturer les poumons de mon bébé à venir. Ces hospitalisations à répétition étaient des moments très difficiles pour moi, car je ne voyais que très peu de monde. Je suis quelqu’un d’assez réservé alors j‘avais beaucoup de mal à poser mes questions au corps médical de peur d’être jugée, ou de poser les mauvaises questions. Et, je sentais que l’équipe médicale n’avait pas le temps pour ça.

Toutes les difficultés que j’ai rencontrées avec mon aîné m’ont permis de me renseigner et de savoir ce que je voulais ou non pour ma deuxième grossesse.

Tu as souhaité prendre le temps pour trouver vraiment ta voie ?

Après mes enfants ont grandi. On a décidé de partir en voyage en Espagne sur les traces de ma famille. C’est pendant ce voyage que je me suis dit qu’il fallait absolument que je trouve le métier que je voulais faire. Autour de moi, je voyais des femmes enceintes, des femmes qui allaitaient, des infrastructures adaptées, ce qu’on ne voyait pas en France.

Je me suis souvenue de tout ce que j’avais vécu pendant mes grossesses, pendant mes accouchements les naissances, le post-partum et du coup je me suis aussi rendue compte que dès que je voyais sur une femme enceinte, le monde pouvait s’arrêter autour de moi : j’étais en totale admiration pour ces femmes qui étaient en train de porter la vie. J’avais envie de les choyer. J’ai su comme ça qu’il fallait que je fasse quelque chose auprès des mères, auprès des femmes enceintes. Je voulais les informer, être là pour elles, même si je ne savais pas véritablement de quelle manière.

J’avais brièvement entendu parler du métier de doula durant mon année de ma formation d’auxiliaire puéricultrice, mais je ne savais pas ce que c’était réellement. Au retour de notre voyage j’ai pris davantage d’informations sur les métiers qui étaient en lien avec les femmes enceintes.

Une personne m’a parlé du Centre Galanthis et du métier de doula. J’ai pris les informations, j’ai appelé la directrice et j’ai été conquise. Donc j’ai envoyé mon dossier pour intégrer la formation. Un signe du destin peut-être… mais j’ai reçu mon acceptation à la formation le jour de la Saint Patrick. J’ai pris cela comme un signe envoyé par mon oncle décédé. Je me suis dit : “C’est bien cela qu’il faut que je fasse !” Je suis ravie d’avoir d’avoir intégré le centre Galanthis et cela été un bonheur pour moi de suivre cette formation !

Tu as vécu deux expériences de naissance complètement différentes. Comment ont-elles façonné ton métier de doula ?

Durant ma première grossesse, lors de mon échographie du 3ème trimestre, on m’a indiqué que je devrais faire une amniocenthèse à cause d’un surplus de liquide amniotique. J’étais extrêmement inquiète que celle-ci provoque le tant redouté accouchement prématuré pour lequel j’avais été alitée plusieurs fois. Emotionnellement, je suis passée par des moments de doutes, de pleurs et c’est alors que j’ai commencé à écouter mon corps. Je ne ressentais rien de négatif en moi. Je sentais que mon bébé allait bien. Le lendemain, j’avais rendez-vous avec mon gynécologue. Il a été rassurant. Il avait déjà remarqué ce surplus, mais n’avait pas voulu m’inquiéter pour quelque chose qui ne devrait pas. Il m’a confirmé que cette amniocenthèse n’aurait d’ailleurs pas forcément les bénéfices escomptés. J’ai pu faire mon choix.

J’ai plus tard appris le décès totalement inattendu de mon oncle Patrick, que je considérais comme mon deuxième papa. Il s’était occupé de moi durant toute mon enfance après l’école. C’était extrêmement douloureux de le perdre à ce moment de ma vie. Et lorsque je pleurais, les contractions reprenaient… Je refusais d’accoucher à ce moment-là. Et je n’ai rien lâché jusqu’à mon accouchement, un mois plus tard.

J’ai finalement eu un accouchement merveilleux, tout s’est bien déroulé, rapidement, avec peu de douleur grâce à la péridurale. Je crois que je n’avais pas besoin d’en avoir plus que ce que j’avais déjà vécu à ce moment-là. Je n’aurais pas été capable d’accoucher sans péridurale.

Je tenais ensuite à allaiter, mais mon fils n’arrivait pas à prendre le sein. On m’a proposé des bouts de seins qui sont restés. J’ai connu des difficultés sans nom à cause des divers conseils que l’on a pu me prodiguer, comme réveiller mon fils toutes les trois heures pour lui donner un biberon de mon lait. J’ai tiré mon lait pendant 2 mois, mais cela ne prenait pas. Avec tristesse, j’ai fini par lâcher puisque je m’épuisais la nuit pour pouvoir tirer mon lait afin que mon fils reçoive uniquement mon lait, et je m’enfonçais dans la difficulté maternelle. Sur le coup, je n’ai pas demandé d’aide, je disais que tout allait bien puisque j’avais appris à idéaliser la maternité. J’ai fait très difficilement le deuil de mon oncle à la naissance de mon fils. Je n’avais pu déverser mes larmes pendant la fin de ma grossesse, elles se sont déversées à la naissance de mon fils. J’ai tenu le coup, et j’ai laissé les choses se faire voilà sans jamais en parler. Autour de moi je ne voyais pas à qui en parler.  Je n’avais pas autour de moi  l’expérience d’une maman ou d’une femme qui connaissent tout ça et qui pouvait m’aider à mettre des mots sur ce que je vivais.

Puis, j’ai été enceinte de mon deuxième enfant. Après une première menace d’accouchement prématurée, je suis très vite allée voir un naturopathe qui m’a conseillé de la gemmothérapie. J’ai pu terminer ma grossesse, en faisant très attention, mais sans plus être alitée. Cette grossesse s’est beaucoup mieux passée !

Et j’ai connu une naissance express ! Et pourtant, j’avais très peur de l’accouchement, entre autres à cause d’une histoire familiale difficile, et des représentations douloureuses que j’en avais. Je n’imaginais pas une seule seconde accoucher sans péridurale… Un matin, je sentais moins bouger mon bébé. Je demande à ma mère de garder mon aîné pour aller à la maternité, en lui disant que je reviens peu après.

J’arrive à la maternité, on m’annonce que je vais accoucher aujourd’hui, que mon col commençait à s’ouvrir. J’appelle mon mari vers 11h45, il est arrivé à 13h15. On nous installe en chambre, et d’un seul coup, je ressens des douleurs atroces.

C’était le début des vraies contractions. J’ai pris mon homéopathie, j’ai attendu une trentaine de minutes. J’ai demandé plusieurs fois à ce qu’on appelle l’anesthésiste, car cela devenait vraiment douloureux et que je refusais d’accoucher sans péridurale. Je n’étais pas assez dilatée, mais j’étais tellement insistante qu’elles m’ont installée en salle de naissance.

Il y a eu un moment où je me sentais vraiment mal, et j’ai dit à mon mari qu’il fallait que je me couche sur le côté. Tout à coup, j’ai dit à mon mari que ça poussait. La tête était sortie. Mon mari ne savait plus quoi faire ! La sage-femme arrive en panique et dit que c’était la poche des eaux. Elle appelle une collègue et me demande de me mettre sur le dos, mais ce n’était pas possible pour moi !

L’anesthésiste est arrivé à ce moment là. Je crois l’avoir tellement fusillé du regard, qu’il est reparti sans rien dire. Ensuite, je crois que mon cerveau a disjoncté et je ne me souviens plus de tout tant la douleur était intense. Je demandais à ce qu’on le fasse sortir, et on me répondait qu’il arrivait.

Soulagement total lorsque deux heures après les premières contractions, j’ai pu aller attraper mon bébé et le serrer contre moi. J’ai revécu la naissance de mon deuxième en formation au Centre Galanthis par la suite, et j’ai compris les étapes par lesquelles j’étais passée… Mais ce jour-là, tout a semblé complètement fou.

L’auxiliaire puéricultrice est venue vers moi pour me demander si je voulais de l’aide pour allaiter. J’ai répondu “non, non, il sait faire”, et cela a été le déclic pour moi de me dire je fais confiance à mon fils. Depuis ce jour là, j’ai fait confiance à mes deux enfants en me disant qu’ils savaient ce qui était bon pour eux et que s’ils ne mangent pas c’est qu’ils ont leurs raisons. J’ai laissé mon bébé fouiner jusqu’à mon sein comme j’avais vu la vidéo de mes rêves une semaine avant. Et mon allaitement de rêve a duré presque cinq ans.

Ton parcours de formation ?

J’ai suivi le cursus complet proposé par le Centre Galanthis. Cela m’a apporté énormément de richesse sur la posture que je souhaite adopter, beaucoup d’outils. Elle m’a aidé à prendre confiance en moi et en mes capacités. Cela m’a aussi permis de comprendre que j’étais déjà doula depuis quelques temps. J’ai ressenti après la formation de la légitimité vis-à-vis de ce que je savais déja.

J’ai ensuite acquis plusieurs autres outils complémentaires dans ma mallette de doula. Je me forme auprès de Céline Grisoni, A Corps d’elles pour créer des ateliers de danse prénatale et de danse portage afin d’ajouter du lien entre futures mamans et mamans, et se sentir bien dans son corps et dans sa tête.

J’ai fait une petite formation d’hypnose pour permettre aux femmes d’avoir des outils de relaxation et pour pouvoir les apaiser vis-à-vis des craintes qu’elle pourraient avoir.

Je suis très intéressée par tout ce qui touche à la santé environnementale, l’alimentation.

Qu’est-ce que ton métier de doula a eu comme retombées sur ta maternité ?

Ma formation de doula m’a apporté beaucoup de compréhension sur tout ce que j’ai vécu et notamment tout le processus physiologiques de ma deuxième naissance. Cela m’aide à plus prendre soin de moi et de mes besoin.

C’est quoi ta couleur de doula ?

Couleur de l’arc-en-ciel ! Et j’ai envie de mettre des paillettes ! C’est pas une question facile ! Je suis une personne très ouverte d’esprit. Je pense que cela me permet d’accompagner de nombreuses familles aux croyances variées. Je garde quand même bien les pieds sur terre mais mais je crois aussi aux signes de la vie, parce qu’ils ont été évidents.

J’ai l’impression d’être un peu comme un caméléon qui peut s’adapter aux différentes situations. Je suis mon instinct et je m’adapte.

Que proposes-tu en tant que doula ?

De l’amour de l’amour de l’amour !

J’ai envie d’être au service des mamans, mais aussi des coparents. C’est important pour moi que chacun trouve sa place au sein de la famille. Que peut dire le coparent ? Que peut-il faire pour soulager la maman ?

Je propose un accompagnement de la grossesse à l’accouchement, jusqu’à l’après et le post-partum.

Je propose des ateliers de danse prénatale et de danse portage. J’utilise dans mes accompagnements des outils de relaxation (comme l’hypnose).

Exerces-tu le métier de doula à temps plein ?

Le métier de doula et ma casquette de maman m’occupent entièrement 😊

Une anecdote incroyable qui t’es arrivée en tant que doula ?

Ma prof d’espagnol m’a demandé d’être sa doula. Je trouve ça drôle, car je l’accompagne en tant que doula, et elle m’enseigne l’espagnol. On va peut-être tenter d’échanger en espagnol durant l’accompagnement ! Cela m’aidera à améliorer mon langage médical autour de la maternité. C’est un bel échange de services !

Vous avez envie de découvrir l’accompagnement que vous propose Lydie, vous pouvez découvrir son site : lydiedoula.wixsite.com/monsite