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Bonjour à tous,

J’inaugure ce blog avec une série de portraits. J’avais envie de vous faire découvrir les doulas d’une autre manière, en leur donnant directement la parole.

Dans cette série d’articles, je vous propose de découvrir les doulas, avec leurs points communs et leurs différences, leurs histoires et leurs valeurs. Convaincue qu’il existe une doula pour chaque famille, j’ai eu envie d’interviewer mes consoeurs pour qu’elles décrivent à leur manière leur métier de doula. Je vois ce métier comme un métier coloré : chaque doula a, à mes yeux, sa propre couleur, sa propre manière d’exercer. Ces articles seront une occasion pour vous de découvrir les portraits de ces femmes incroyables qui se mettent au service des familles pour les accompagner dans leurs questionnements et leur vie.

Yanick, doula

Crédit photo : Hélène Rock

Aujourd’hui, je vous présente Yanick, doula en région lyonnaise depuis 2004. J’ai ressenti beaucoup d’émotion en l’interviewant… Et pour cause, si j’ai découvert le monde des doulas, c’est grâce à elle ! Voici son témoignage. Bonne lecture ! Et un grand merci à toi Yanick !

Comment as-tu découvert le monde les doulas ?

Lors de ma première grossesse en 2001, je me suis inscrite sur un forum de soutien entre jeunes et futures mamans. C’est là que j’ai rencontré un groupe de filles fabuleuses. Nous nous soutenions, répondions aux interrogations et doutes des membres du forum. Un jour en 2004, j’ai vu une pub pour Doulas de France sur ce forum. Je me suis dit que c’était chouette. Avec d’autres filles on trouvait ça vraiment génial parce que forcément on était en fait dans l’accompagnement nous aussi depuis un bout de temps. Bref je vais faire un tour sur ce site (doulas.info) et je continue ma vie.

Quelques jours après on part en balade avec mon mari, et il me dit : Tiens, j’ai un collègue qui vient de mettre en ligne un site internet. Il faut que tu ailles voir, c’est exactement ce que tu fais ! En effet, depuis des années sur le forum on s’est soutenues entre futures mamans et je crois que j’ai appris une certaine manière d’être doula auprès de certaines filles du forum qui avaient une posture très écoutante au travers de leurs messages et qui prenaient toujours le temps d’écrire un petit mot sympa pour chacune d’entre nous, qui prenaient soin du groupe et de chaque personne. Bref, mon mari me dit ça et je retourne sur doulas.info… et je suis tombée dans la marmite. J’ai appris plus tard que ce collègue était un cousin de Charlotte Marchandise, cofondatrice de Doulas de France et que c’est pour cela qu’il avait hébergé leur site.

Nous étions fin 2004, et on était deux copines sur Lyon à être très intéressée par ce métier de doula. En mai 2005, on est allées toutes les deux assister aux 3èmes Journées Des Doulas, on faisait également partie des listes Yahoo de doulas et futures doulas. Ce qui m’a donné envie de devenir doula, c’est quand je les ai rencontrées : j’ai été accueillie à bras ouverts et en toute confiance par Charlotte. Elle ne m’a pas demandé d’où je venais ni qui j’étais ! C’était juste : “Bonjour, bienvenue qui que tu sois, où que tu ailles ! 

Je lui avais posé la question de comment faire pour devenir doula. Je me souviens que sa réponse m’avait agacée 😋. Elle m’avait dit “Ça prend du temps“. Moi j’imaginais faire une école et qu’en quelques semaines ce soit fini. Mais il n’y avait pas d’école… Elle m’avait également dit : “Quand tu le sentiras, tu sauras que c’est le bon moment pour toi d’être doula.” Avec le recul, je sais qu’elle avait raison et c’est ce que je réponds aujourd’hui encore quand on me pose la question.

Comment t’es-tu formée au métier de doula ?

Par rapport aux formations qui sont proposées classiquement aujourd’hui, j’ai fait les choses un peu à l’envers. J’avais fait un stage Vivre en famille avec Catherine Dumonteil-Kremer sur l’écoute active, et assisté au séminaire Paramanadoula de Michel Odent. J’ai été quotidiennement en contact de femmes qui exerçaient déjà le métier de doula. Elles m’ont transmis leur savoir-être, leur savoir-faire de par leurs témoignages. Pour moi, c’est la meilleure école. Si tout le monde pouvait avoir ça…

J’ai commencé ce métier alors que c’était encore les débuts des doulas en France. Il y avait une volonté de se regrouper, et toutes nos énergies étaient mobilisées sur la reconnaissance du métier, répondre aux courriers infernaux qu’on recevait, répondre aux attaques qu’on avait sans cesse et du coup mettre en place entre les doulas qui exerçaient le plus de choses possibles pour se faire reconnaître. Il y avait des vrais débats et réflexions entre doulas qui exerçaient déjà, qui s’étaient formées en France, ou à l’étranger.

J’ai été témoin de la création d’une base solide :

  •  Réfléchir sur le cadre légal
  • Créer une charte d’exercice qui rassure les professionnels avant tout, mais aussi les parents, et qui définisse autant que possible le cadre du métier des doulas

L’étape nécessaire ensuite pour faire reconnaître ce métier était de créer une formation, parce que la manière dont j’ai pu être formée c’est très chouette, mais c’est impossible pour tout le monde et encore moins dans le système français, où la formation est perçue comme incontournable. Avec toutes les doulas qui le souhaitaient, nous avons donc dû réfléchir à un cursus de base, un socle de compétences communes qui serait minimum pour devenir doula. On a cherché un organisme de formation qui puisse le proposer. On était en contact avec un organisme mais la personne qui le tenait a déménagé à l’étranger. On s’est dit : “Ah mince tout notre projet tombe à l’eau… Qu’est ce qu’on fait ?” Et finalement, c’est de là qu’a été créé l’Institut de formation des Doulas de France en 2008. J’en ai été confondatrice en tant que trésorière. Puis j’ai suivi la formation en 2010. Cela faisait donc cinq ans que j’exerçais. J’ai suivi la formation parce que j’étais sur place. Je n’aurais pas eu besoin de tout suivre pour compléter le cursus de base, mais c’était important pour moi.

A tes yeux, ce métier nécessite-t-il une formation continue ?

Oui, un grand oui. Après mon cursus de base, j’ai suivi ensuite d’autres formations, par exemple auprès d’Isabelle Challut du Centre Pleine Lune, ou de l’association Couleur Plume. J’aime bien l’idée aussi d’aller voir ce qui se fait ailleurs. Cela me permet de faire évoluer ma posture de doula dans mes accompagnements. Je rencontre parfois des personnes qui affirment “J’ai fait une telle formation, et c’est la meilleure.” Je me demande combien elles en ont faites pour affirmer cela. Avec les différentes formations que j’ai faites (L’institut des Doulas de France, Isabelle Challut, Michel Odent, Galanthis), je perçois les défauts et qualités de chacune, et je trouve qu’il n’y en a pas de meilleure en fait. Tu trouveras certaines choses de géniales dans l’une, mais pas dans l’autre, et vice versa.

J’ai été présente à presque toutes les Journées Des Doulas, et je trouve que ça participe aussi à la formation continue. J’ai assisté à des conférences à La Cause des Parents par exemple, des séminaires sur des thèmes variés : Cyril Philippe qui détaillait les différentes étapes de l’accouchement, Chantal Birman qui racontait l’histoire des femmes en France, son militantisme pour le droit à l’avortement en particulier.

Quelle est ta couleur de doula ?

Ma couleur de doula,  je crois que c’est l’ouverture et la tolérance. Ça peut peut-être donner l’impression de d’enfoncer des portes ouvertes, mais je crois que c’est vraiment ce que je suis profondément. Ça vient de ma maman et de ma grand-mère aussi et de la manière dont on se dit bienvenue et on s’accueille dans notre famille, dont on est ouvert à l’autre.

Et depuis pas mal d’années ma couleur de doula, c’est d’être plutôt doula auprès des futures doulas, d’être dans le lien et la transmission. J’aime beaucoup être présente auprès des parents mais je crois que maintenant je préfère encore plus être doula auprès de futures doulas. Donc je dirais que ma couleur ce serait “faire du lien“.

Quels accompagnements proposes-tu en tant que doula ?

Je ne suis quasiment “que” doula. Je propose aussi des tentes rouges parfois, mais sinon mes rendez-vous sont toujours des rencontres individuelles et je n’ai pas tellement d’autres outils dans mon sac à dos de doula, si ce n’est ce goût pour les rituels qui entourent la naissance, le prénatal et le postnatal autour du monde, en France, à travers l’Histoire. Je propose des temps de relaxation où je peux parfois utiliser des rebozos. Mes rendez-vous de doula sont à 90% des moments où on parle et où on écoute avec des moments de relaxation.

Exerces-tu le métier de doula à plein temps ?

A côté de mon métier de doula, je développe des sites internet en tant qu’indépendante. J’ai assuré des formations pour apprendre à développer des site web aux web designers, et puis j’ai beaucoup, beaucoup d’engagements bénévoles que je réduis depuis deux ans. Je suis également formatrice au sein du Centre Galanthis.

Une anecdote incroyable de ta vie de doula ?

J’ai été présente lors d’une naissance en plateau technique où j’ai vu un bébé de 5kg800 sortir tout seul et sans aucune égratignure pour la maman… et je suis persuadée que ce bébé-là né entre d’autres mains que ceux de cette merveilleuse sage-femme n’aurait certainement pas été accueilli avec autant de douceur, il aurait sans doute senti les instruments ou la césarienne… Cette sage-femme d’expérience a su proposer à la maman des positions qui ont permis à son bébé de bien descendre et de s’engager correctement, elle a également été très réactive et attentive lors de l’expulsion. Elle m’a expliqué ensuite les gestes nécessaires qu’elle a dû effectuer à ce moment. Avec le recul je me sens chanceuse d’avoir été témoin de cette grande expertise, de son professionnalisme, le tout accompagné de douceur et d’un grand respect pour cette femme et son bébé. 

Vous avez envie de découvrir l’accompagnement que vous propose Yanick, vous pouvez découvrir son site : naissance.nayane.fr